Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : taysir assistance
  • : medicalised transport,medical assistance, plastic surgery
  • Contact

STOP II

Rechercher

         187882 146207682119751 1124221 n

شكرا للزيارتكم

9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 10:32

 

 

 

Traitement de paludisme grave

 

 

plasmodium (1)

 

 

 

TRAITEMENT ÉTIOLOGIQUE

Son but est la guérison radicale, c’est-à-dire la destruction de tous les parasites présents dans l’organisme.

Seuls les schizonticides, actifs sur les formes asexuées intraérythrocytaires, sont utilisés. La voie intraveineuse est impérative afin d’obtenir le plus rapidement possible une concentration plasmatique efficace (fig 3).

 Sa difficulté actuelle réside dans la multiplication des souches chimiorésistantes, imposant l’utilisation d’un schizonticide très puissant pendant une durée prolongée [89].

Quinine

Alcaloïde extrait du quinquina, la quinine demeure l’antipaludique de référence.

Présentation

On emploie, en thérapeutique, des sels basiques (chlorhydrate ou formiate) dont la teneur en quinine-base doit être connue, et des mélanges d’alcaloïdes (tableau II). La posologie est exprimée en quinine-base quand la spécialité pharmaceutique contient uniquement un sel de quinine (Quinoformet, dichlorhydrate de quinine) ou en alcaloïde-base quand la quinine est associée à d’autres alcaloïdes actifs (Quinimaxt) (tableau III).

Protocole

Classiquement, la posologie de quinine était de 24 mg/kg/24 h de quinine-base. Mais la chloroquinorésistance de certaines souches de P. falciparum, responsable d’une diminution de sensibilité à la quinine, en particulier en Thaïlande où les souches multirésistantes sont de plus en plus nombreuses [65], a conduit certains auteurs du Sud-Est asiatique à proposer l’utilisation de doses de charge de 17 mg/kg de quinine-base suivies de réinjections, afin d’obtenir plus rapidement des taux sanguins efficaces, le traitement étant poursuivi pendant 7 jours par voie intraveineuse selon le protocole classique [90].

En Afrique, bien que la sensibilité des souches de P. falciparum à la quinine soit plus importante que celle des souches thaïlandaises [93], on a pu montrer, chez l’adulte semi-immun, sans que son intérêt en terme de mortalité ait été apprécié, que l’utilisation de doses de charge diminuait la durée du coma. Chez l’enfant, l’intérêt de doses de charge est contesté en raison de concentrations sanguines supérieures de 43 % à celles de l’adulte traité avec le même protocole et donc d’un risque toxique plus important [93].

La bonne tolérance clinique de la quinine et le risque potentiel d’un retard d’efficacité dans le traitement étiologique d’un paludisme grave ont conduit la conférence de consensus consacrée à la prise en charge et à la prévention du paludisme d’importation à P. falciparum à préconiser l’utilisation d’une dose de charge de quinine chez tout sujet non immun présentant un paludisme grave [63].

En pratique, la dose de charge, 17 mg/kg de quinine-base (20 mg/kg de Quinoformet ou de dichlorhydrate de quinine), ou 17 mg/kg d’alcaloïde-base (17 mg/kg de Quinimaxt) sera administrée dans du sérum glucosé à 5 % en 4 heures, suivie d’un traitement d’entretien de 8 mg/kg toutes les 8 heures en perfusions de quatre heures ou de 24 mg/kg/24 h en perfusion continue au pousse-seringue électrique [63].

La quininémie est dosée à la quatrième heure, puis quotidiennement ; elle doit se situer entre 10 et 15 mg/L (30-35 mmol/L).

En cas d’insuffisance rénale, la posologie n’est pas modifiée pendant les 48 premières heures, puis réduite d’environ un tiers [6]. Chez le patient en hémodialyse [77] ou en hémofiltration [20], la demi-vie n’est pas allongée et les posologies ne doivent pas être modifiées.

En revanche, en cas d’insuffisance hépatique, il faut diminuer la dose de moitié dès la deuxième perfusion, la quinine étant métabolisée à 80 % par le foie [6].

Dès que la parasitémie a disparu et que la voie orale est possible, en général au bout de 2 à 4 jours, le relais est pris par la quinine orale jusqu’au septième jour. En cas de paludisme d’importation, une chimioprophylaxie ultérieure est inutile.

Adjuvants et alternatives à la quinine

Antibiotiques : doxycycline, clindamycine

Plusieurs antibiotiques ont une activité antiplasmodiale sur les modèles expérimentaux ou sur culture in vitro de P. falciparum multirésistant [2].

Parmi les nombreux produits testés, seules la doxycycline (Vibraveineuset, 100 mg par voie intraveineuse toutes les 12 h, indication hors autorisation de mise sur le marché [AMM]) et en cas de contre-indication aux cyclines, la clindamycine (Dalacinet, 10 mg/kg par voie intraveineuse toutes les 8 heures, indication hors AMM) sont actuellement proposées au cours du paludisme grave comme traitement adjuvant et synergique en cas de sensibilité diminuée à la quinine, en particulier chez des patients provenant de zones particulières de l’Asie du Sud-Est (zones frontalières forestières Thaïlande-Cambodge et Thaïlande-Myanmar) ou de la forêt amazonienne [63].La durée du traitement est de 7 jours pour la doxycycline, de 5 jours pour la clindamycine. Il est contre-indiqué chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte.

Artémether [32, 91]

Bien que la quinine reste efficace dans le traitement du paludisme multirésistant, cette efficacité semble décliner même avec l’utilisation de doses de charge. Par ailleurs, des souches résistantes à la quinine bilieuse hémoglobinurique. Ces différents éléments ont conduit les chercheurs à s’intéresser à de nouvelles molécules, comme les dérivés du qinghaosu, préparées à partir de feuilles d’une armoise connue en Chine pour son efficacité sur les fièvres. Ces dérivés sont au nombre de trois : l’artémisinine utilisée par voie orale en Extrême-Orient pour le traitement curatif du paludisme bénin à P. falciparum ou P. vivax, l’artésunate et l’artémether.

L’artémether a été utilisé par voie intramusculaire avec une dose de charge de 3,2 mg/kg, puis une dose d’entretien de 1,6 mg/kg toutes les 12 à 24 heures. Les injections ne sont pas douloureuses. Aucun effet toxique local ou général n’a été noté chez l’homme, alors qu’une neurotoxicité a été démontrée expérimentalement. Depuis 1982, les cinq études qui ont été publiées ont observé une clairance d’élimination parasitaire moyenne de 43 heures.

En France, l’artémether (Paluthert) n’a pas l’AMM. Il est utilisé grâce à une autorisation temporaire d’utilisation nominative en traitement curatif des formes résistantes à la quinine (persistance d’une parasitémie avec formes asexuées après 3 jours de traitement bien conduit par la quinine ou réapparition d’une parasitémie dans les 7 jours suivant la fin du traitement de 5 à 7 jours) ou en cas de paludisme grave contracté dans une zone de résistance à la quinine (Asie du Sud-Est en particulier). Il est également indiqué chez les patients présentant une fièvre bilieuse hémoglobinurique ou une autre contre-indication formelle à la quinine [22].

Chez l’adulte, le schéma thérapeutique actuel comprend une injection intramusculaire de 80 mg, deux fois par jour le premier jour, puis 1,6 mg/kg en une seule injection intramusculaire les 4 jours suivants.

Autres antipaludiques

Ils n’ont pratiquement plus aucune place dans le traitement du paludisme grave.

La quinidine, autre alcaloïde du quinquina, aussi efficace que la quinine, est utilisée en Thaïlande en cas de diminution de sensibilité à la quinine [90]. Elle s’emploie par voie intraveineuse en perfusion continue sous forme de gluconate de quinidine à la posologie de 30-35 mg/kg/24 h après une dose de charge de 10 mg/kg en 2 heures. Les effets cardiaques restent modérés si l’on respecte ce protocole.

La chloroquine (Nivaquinet), amino-4-quinoléine de synthèse, est surtout utilisée par les Anglo-Saxons par voie intramusculaire à la posologie de 25 mg/kg/24 h. Le risque cardiaque étant relativement important, des morts subites ont été rapportées chez l’enfant de moins de 3 ans [95], et la multiplication des souches chloroquinorésistantes en Afrique noire expliquent que son utilisation soit de plus en plus remise en question dans le cadre du paludisme grave.La méfloquine (Lariamt) et l’halofantrine (Halfant), aminoalcaloïdes utilisables uniquement par voie entérale, ont pu être proposés à la posologie de 25 mg/kg en trois prises, en cas de résistance avérée à la quinine [95].

Autres thérapeutiques curatives

Exsanguinotransfusion

Introduite par Gyr et al [30] en 1974, elle a pour but de faire baisser rapidement la parasitémie, d’épurer les débris cellulaires résultant de la schizogonie et les différents médiateurs plasmatiques impliqués dans la physiopathologie du paludisme grave [71].

L’exsanguinotransfusion permettrait également une correction rapide de l’anémie et des troubles de la coagulation [71].

Ses indications restent discutées. La densité parasitaire (supérieure à 10 % en règle générale) proposée par certains auteurs [52] ne peut être retenue car il ne s’agit pas d’un critère absolu de gravité [95], en particulier en cas de souche chloroquinorésistante. L’absence d’évolution favorable après 36 heures de traitement bien conduit apparaît, en revanche, plus pertinente [71].

Plusieurs observations isolées font état d’une amélioration spectaculaire de l’état de conscience [71], alors que d’autres rapportent des complications mortelles [52].

Au total, l’absence d’étude randomisée rend très difficile l’évaluation de l’efficacité de l’exsanguinotransfusion dans le paludisme grave.

En pratique, son utilisation n’est pas recommandée par la conférence de consensus consacrée au paludisme d’importation [63].

 Antimédiateurs

Le rôle des cytokines, essentiellement le TNF, dans la physiopathologie du paludisme grave, explique les tentatives d’utilisation d’anticorps monoclonaux anticytokines qui ont permis de raccourcir la durée de la fièvre, mais sans modification de la clairance parasitaire et de la mortalité [89].

TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE

Tout patient présentant un paludisme grave doit être hospitalisé en soins intensifs en raison du risque permanent de complication brutale mettant en jeu le pronostic vital et nécessitant la mise en oeuvre de techniques de réanimation.

Traitement des convulsions

Les convulsions sont contrôlées dans la plupart des cas par le diazépam (Valiumt) 10 mg intraveineux chez l’adulte, 0,15 mg/kg chez l’enfant, à renouveler éventuellement.Le phénobarbital (Gardénalt), moins actif, est cependant plusmaniable car moins dépresseur respiratoire. Il peut s’administrer par voie intramusculaire : 100 à 150 mg chez l’adulte, 1 mg/kg chez l’enfant. La prévention des convulsions chez l’enfant peut être obtenue par une injection unique de phénobarbital à la posologie de 3,5 mg/kg.

Autres mesures

Une oxygénothérapie est toujours utile comme lors de tout état infectieux sévère.

La ventilation artificielle est parfois indispensable : coma avec score de Glasgow inférieur ou égal à 8 ou score de Molyneux inférieur à 2, dépression respiratoire secondaire à l’utilisation d’anticonvulsivants.

Un remplissage vasculaire est pratiquement toujours indiqué, en raison de la constance de l’hypovolémie [70]. Il est réalisé sous surveillance hémodynamique de la pression veineuse centrale, ou mieux de la pression artérielle pulmonaire d’occlusion.

L’utilisation d’amines vasoactives est, en revanche, rarement utile en dehors des formes avec choc hyperkinétique avéré [69].

 L’épuration extrarénale, hémodialyse [77], hémofiltration continue [34], peut s’avérer indispensable en cas d’insuffisance rénale aiguë.La transfusion de concentrés érythrocytaires pour obtenir une concentration d’hémoglobine supérieure à 10 g/dL est fondamentale pour améliorer le transport d’oxygène.

THÉRAPEUTIQUES DISCUTÉES ET DANGEREUSES

Corticoïdes

Utilisés dans le but de diminuer l’oedème cérébral, ils sont actuellement abandonnés [63].En effet, ils ne diminuent pas la mortalité et sont responsables d’une augmentation significative des complications,

en particulier des pneumopathies et des hémorragies digestives [86].

Héparine et anti-inflammatoires non stéroïdiens

Chez l’animal, l’héparine réduit la parasitémie, la thrombopénie, les altérations de l’hémostase et la mortalité. Par ailleurs, les antiinflammatoires non stéroïdiens, bloquant les cyclo-oxygénases, diminuent la fréquence des complications dues au TNF. Chez l’homme, ces deux classes de médicaments ne modifient pas l’évolution du paludisme.

De la même façon, l’intérêt de l’héparine dans le traitement de la CIVD est de plus en plus contesté [95]. En revanche, une prévention de la maladie thromboembolique par l’héparine standard ou l’héparine de bas poids moléculaire est indispensable chez l’adulte [70].

Plasma frais congelé

Il est réservé, ainsi que l’antithrombine III, aux cas rares s’accompagnant d’une CIVD avérée.

Antibiothérapie systématique

Elle n’a jamais fait la preuve de son efficacité, malgré l’immunodépression profonde qui accompagne tout paludisme grave et qui est responsable de surinfections bactériennes 

 redoutables.

Il faut cependant insister sur la nécessité d’une asepsie rigoureuse dans tous les gestes de réanimation, et tout particulièrement chez le patient ventilé pour lequel le risque de pneumopathie nosocomiale est majeur [70].

Tableau II. – Présentations commerciales de la quinine par voie parentérale.

Spécialité

Laboratoire

Sel de quinine

Présentation-composition

Quinoforme

Synthélabo

Formiate de quinine

Solution injectable

Ampoules de 2 mL contenant 500 mg de sel

Quinine-base : 87,6 %

Quinimax

Sanofi Winthrop

Gluconate de quinine et de quinidine

Chlorhydrate de cinchonine et de cinchonidine

Solution injectable

Ampoules de 1, 2, 4 mL contenant par mL :

- gluconate de quinine : 192,56 mg

- gluconate de quinidine : 5,29 mg

- chlorhydrate de cinchonine : 1,06 mg

- chlorhydrate de cinchonidine : 1,00 mg

Quinine-base : 62,3 %

(125 mg d’alcaloïdes-base/mL)

Dichlorhydrate de quinine

Pharmacie centrale des

Hôpitaux

Dichlorhydrate de quinine

Solution injectable

Ampoules de 10 mL contenant 100 ou 300 mg de sel

Quinine-base : 81,7 %

 


Partager cet article
Repost0
9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 10:02

 

 

 

Diagnostic de paludisme grave

 

 

plasmodium-gamet-copie-1.jpg

 

 

CIRCONSTANCES DU DIAGNOSTIC

En métropole, le diagnostic de paludisme grave d’importation doit être évoqué devant un coma fébrile, mais aussi, en particulier chez l’adulte, devant un tableau de sepsis grave, surtout s’il s’accompagne d’un ictère et/ou de troubles du comportement.

DIAGNOSTIC PARASITOLOGIQUE DE CERTITUDE

Un diagnostic parasitologique de certitude est indispensable.

En effet, le diagnostic présomptif [95], qui reste encore très répandu en Afrique noire et qui consiste à entreprendre un traitement spécifique en présence de signes évocateurs d’un accès palustre, n’a pas sa place en France métropolitaine.

Recherche de matériel parasitaire dans le sang

Techniques microscopiques classiques

La mise en évidence du parasite dans le sang, plus particulièrement de ses formes asexuées, est un critère indispensable de diagnostic [95].

Elle se fait habituellement par l’examen, au microscope optique, d’une goutte épaisse et/ou d’un frottis mince de sang coloré au Giemsa.

· Goutte épaisse

La destruction des hématies rend la reconnaissance des parasites plus difficile mais le gain de sensibilité par rapport au frottis est d’environ 20 fois [95] car les éléments du sang sont concentrés sur une surface beaucoup plus petite. Elle présente également l’avantage d’accélérer la recherche. Une quantification grossière de la parasitémie par rapport au nombre de leucocytes est possible. Cette technique, de réalisation difficile, « opérateur-dépendante », est en pratique réservée aux enquêtes épidémiologiques [80].

· Frottis sanguin

Il reste l’examen de référence, présentant l’avantage par rapport à la goutte épaisse de mieux quantifier l’importance de la parasitémie, grâce au calcul de la densité parasitaire, habituellement exprimée en hématies parasitées par microlitre (HPM).

Techniques nouvelles

Elles ont pour but de supprimer le facteur humain qui, en fonction de l’expérience de l’opérateur (la lecture du frottis demande un long apprentissage), rend l’examen microscopique plus ou moins sensible.

De plus, le seuil d’identification des techniques classiques n’est que de 150 HPM alors que les formes pauciparasitaires sont de plus en plus fréquentes en métropole.

Ainsi, le test à l’acridine orange (quantitative buffy coat ou QBCt) ou le Parasight Ft sont des techniques très sensibles et d’utilisation courante qui permettent de diagnostiquer des densités parasitaires inférieures à 10 HPM. Le QBCt test ne permet cependant pas un diagnostic d’espèce alors que le Parasight Ft est spécifique de P. falciparum, avec une valeur prédictive positive de 96 % [22].

En cas de frottis et de goutte épaisse négatifs, éventualité fréquente chez les patients rapatriés traités depuis plusieurs jours, des monocytes chargés d’hémozoïne peuvent être mis en évidence sur la goutte épaisse jusqu’à 12 jours après le début du traitement antipaludique [22].

L’étude de la sensibilité de la souche de P. falciparum aux antipaludiques a surtout un intérêt épidémiologique.

La grande majorité des souches provenant d’Afrique subsaharienne sont parfaitement sensibles à la quinine. En revanche, en cas de suspicion de sensibilité diminuée à la quinine, voire de résistance (patients en provenance d’Asie du Sud-Est) et/ou d’évolution cliniquedéfavorable, cet examen devient fondamental [22].

Réactions sérologiques

Si la mise en évidence d’anticorps dirigés contre les différents stades de développement du parasite a un intérêt dans l’approche immunologique et épidémiologique du paludisme, elle n’en a aucune dans le diagnostic en urgence d’un paludisme grave.

AUTRES EXAMENS

Des hémocultures, trois au minimum, sont à réaliser, même si le ;diagnostic de paludisme a été porté avant l’hospitalisation, l’association infection bactérienne et paludisme n’étant pas exceptionnelle, et ce d’autant plus que le paludisme est responsable d’une profonde immunodépression.

D’autres examens peuvent être utiles en fonction du contexte et de l’examen clinique :

– ponction lombaire à la recherche d’une méningite ;

– sérodiagnostics de la fièvre typhoïde, des arboviroses, de l’hépatite (virus de l’hépatite B, virus de l’hépatite C),

des rickettsioses, de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).


Partager cet article
Repost0
8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 13:21

 

 

Aspects cliniques du paludisme grave

d’importation

 

 

 


plasmodium-gamet.jpg

 

Si, en zone d’endémie, l’enfant entre 4 mois et 4 ans (entre la fin de l’immunité passive liée au passage transplacentaire d’anticorps maternels et le début de l’immunité active) est la cible principale du paludisme grave [95], en France métropolitaine tout sujet de retour d’une zone impaludée (touriste, coopérant, militaire) [3, 17, 23] est par définition un sujet non immun avec risque majeur de paludisme grave. À noter que les formes graves de paludisme sont très rares en France chez l’enfant [63].

En raison de l’absence de véritable immunité antipalustre, les personnes originaires de zone d’endémie mais vivant habituellement en France, ou dans toute zone indemne de paludisme, depuis de nombreuses années, doivent également être considérées comme des sujets non immuns après un séjour en zone endémique.

Le risque est majeur en l’absence de chimioprophylaxie, mais aussi si celle-ci est mal suivie ou inefficace. Ainsi, dans une étude réalisée chez des militaires français stationnés au Gabon, seuls 72 % des patients ayant présenté un accès palustre prenaient régulièrement la chimioprophylaxie réglementaire associant chloroquine et proguanil et des dosages plasmatiques ont permis de constater que 24 % des militaires exposés ne suivaient pas correctement leur chimioprophylaxie [60].

Cependant, même une chimioprophylaxie bien conduite ne garantit pas une protection absolue. En effet, il a été montré que 10 % des sujets métabolisent mal le proguanil et ont des taux non protecteurs de cycloguanil, son dérivé actif [60].

PHASE D’INSTALLATION

Contrairement à une idée trop largement répandue et contrairement à ce qui se passe chez l’enfant en zone d’endémie, le paludisme grave d’importation ne s’installe que très rarement de façon brutale [6, 70].

Il survient pratiquement toujours après une phase de primoinvasion qui peut survenir après le retour en zone non impaludée et qui dure de 5 à 10 jours avec hyperthermie, céphalées, myalgies, douleurs abdominales [70].

Si un traitement efficace n’est pas instauré, des signes de « préperniciosité », de très grande valeur diagnostique, peuvent apparaître : accentuation des céphalées, troubles du comportement, état pseudoébrieux, prostration, subictère conjonctival, tous signes qui doivent conduire à l’hospitalisation en urgence et à l’instauration d’un traitement spécifique par la quinine.

PHASE D’ÉTAT

Syndrome fébrile

Une hyperthermie supérieure à 38 °C est habituelle [70] ; une hyperthermie supérieure à 40 °C, considérée comme un élément de gravité, est en revanche moins fréquente, en particulier chez l’adulte [6]. L’absence d’hyperthermie, classique dans les formes dites « algides » s’accompagnant d’une hypotension artérielle, ne doit cependant pas faire récuser le diagnostic [94].

Troubles neurologiques

Troubles de la conscience

Bien que très fréquents, ils sont de profondeur très variable chez l’adulte, un état d’obnubilation, un coma vigil, un état délirant étant plus fréquents qu’un véritable coma [70]. En revanche, chez l’enfant, le coma est le plus souvent profond.

Autres signes neurologiques

Les convulsions, rares chez l’adulte, sont fréquentes chez l’enfant [6].

De la même façon, les crises de décérébration sont exceptionnelles et l’hypertension intracrânienne est rare chez l’adulte.

Des signes neurologiques variés, hémiplégie, aphasie motrice, nystagmus, syndrome méningé, syndrome cérébelleux, sont possibles. Dans les rares cas où un examen tomodensitométrique ou une imagerie par résonance magnétique ont pu être pratiqués, des foyers ischémiques ou des aspects de démyélinisation, de pathogénie discutée, sont décrits [35].

Troubles psychiques

Chez l’adulte, il n’est pas exceptionnel qu’ils soient isolés et en l’absence de syndrome fébrile, leur diagnostic peut être difficile [70].

Autres manifestations fréquentes

Elles traduisent l’atteinte polyviscérale et doivent être recherchées systématiquement.

Ictère

Bien que ne faisant pas partie des critères majeurs de gravité du paludisme, et souvent négligé dans les descriptions classiques, il est cependant quasi constant [6, 70]. En règle générale modéré, il peut se limiter à un simple subictère conjonctival. Il s’agit d’un ictère mixte par hémolyse et altération des fonctions de conjugaison hépatique et d’élimination biliaire. Il se traduit biologiquement par une élévation de la bilirubine libre et de la bilirubine conjuguée. La fonction hépatique est habituellement modérément perturbée avec baisse de la cholestérolémie [95].

Hypovolémie

Constante [70], parfois importante, elle est responsable d’une hypotension avec tachycardie. Elle est appréciée, en pratique, par la mesure de la pression veineuse centrale.

Manifestations pulmonaires

Cliniquement, elles se résument le plus souvent à un encombrement bronchique aspécifique. Une hypoxémie, avec PaO2 inférieure à 70 mmHg, est fréquente [70]. Une détresse respiratoire est en revanche rare, le plus souvent en rapport avec un syndrome d’inhalation bronchique, un oedème pulmonaire de type lésionnel

étant exceptionnellement révélateur d’un paludisme grave [ 5 ] .

Radiologiquement, un syndrome interstitiel avec lignes de Kerley, traduisant un oedème interstitiel infraclinique, est souvent constaté [70]. Cet oedème fait probablement intervenir une altération de perméabilité de la membrane alvéolocapillaire, de pathogénie discutée.

L’étude hémodynamique permet d’éliminer une défaillance cardiaque gauche [95]. L’existence fréquente d’une hypoprotidémie inférieure à 60 g/L peut être un facteur aggravant [5].

Rhabdomyolyse

Elle est quasi obligatoire avec élévation parfois considérable des créatines phosphokinases (CPK) plasmatiques, myoglobinémie et myoglobinurie [19, 38].

Perturbations biologiques

· Désordres hydroélectrolytiques

Une hyponatrémie est habituellement observée, le plus souvent par spoliation digestive, plus rarement par sécrétion inappropriée d’antidiuretic hormone (ADH).

La kaliémie est variable, souvent basse en l’absence d’insuffisance rénale aiguë [70].

Une hypophosphorémie inférieure à 0,7 mmol/L, parfois sévère, a été décrite [44]. Elle pourrait s’expliquer par les besoins accrus des hématies parasitées en glucose.

· Désordres acidobasiques

La lactatémie est élevée, parfois responsable d’une acidose lactique [40].

· Coagulation

Elle est en général peu perturbée, avec baisse modérée du taux de prothrombine [70]. Une thrombopénie souvent inférieure à 20 000/mm3 est, en revanche, quasi constante, son mécanisme, en l’absence de CIVD, étant de nature immunologique [71].

· Anémie

Elle est le plus souvent modérée. L’hyperleucocytose modérée est parfois remplacée par une leucopénie.

Manifestations plus rares

Insuffisance rénale aiguë

Une insuffisance rénale aiguë fonctionnelle cédant à la réhydratation est constante. Une insuffisance rénale aiguë organique oligoanurique est plus rare, bien que sa fréquence semble en progression [16, 71]. De type tubulo-interstitiel, elle est probablement multifactorielle, faisant intervenir : la cytoadhérence, l’état de choc, l’hémolyse, la CIVD et la rhabdomyolyse [53, 95]. Des lésions glomérulaires de nature immunologique, avec présence de complexes immuns dans les glomérules, sont fréquentes, mais leur rôle dans le développement d’une insuffisance rénale aiguë apparaît mineur.

Hypoglycémie

Elle est rare chez l’adulte [45], souvent remplacée par une hyperglycémie. Elle doit faire rechercher une exceptionnelle insuffisance hépatique aiguë. En revanche, elle serait fréquente chez l’enfant.

Anémie grave

L’anémie est constante mais rarement importante.Elle a cependant tendance à s’aggraver durant l’évolution, du fait de l’hémolyse persistante et de la fragilisation des hématies [70]. Une anémie grave avec état de choc et insuffisance rénale aiguë doit faire rechercher une hémolyse aiguë intravasculaire, réalisant la classique fièvre bilieuse hémoglobinurique qui n’est pas à proprement parler une forme clinique de paludisme grave mais une réaction de type immunoallergique chez des sujets prenant une prophylaxie irrégulière par la quinine [95] et chez lesquels la quinine est formellement contre-indiquée. Des hémolyses aiguës ont également été décrites avec l’halofantrine [84].

Coagulation intravasculaire disséminée

Bien qu’exceptionnelle, sa réalité au cours du paludisme grave de l’adulte ne peut être contestée [56]. Critère de paludisme grave [95], elle est souvent associée à un oedème pulmonaire ou à une insuffisance rénale aiguë dont elle est probablement un des facteurs étiopathogéniques.

États de choc

Si une hypotension artérielle est fréquente, un véritable état de choc définissant la classique forme algide de l’accès pernicieux palustre est rare [70]. Dans ce cas, l’étude hémodynamique montre, soit un choc de type hypovolémique (baisse du débit cardiaque, élévation des résistances périphériques), soit un choc de type hyperkinétique (élévation du débit cardiaque, baisse des résistances périphériques).

Le type de profil hyperkinétique observé est similaire à celui rencontré au cours du choc septique bactérien avec, au niveau cérébral, une consommation d’oxygène normale ou basse et ceci indépendamment du transport de l’oxygène [69]. La pathogénie discutée de ces états de choc fait intervenir l’hypovolémie, la surinfection bactérienne ou l’action propre de toxines plasmodiales [7].


Partager cet article
Repost0
8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 12:21

 

 

Aspects immunologiques de paludisme grave

 

 

 

Plasmodium--3.jpg

 

 

IMMUNITÉ ANTIPLASMODIALE

L’immunité active vis-à-vis de P. falciparum est très particulière au cours du paludisme humain par contraste avec ce qui se passe dans la plupart des modèles expérimentaux. Tout se passe comme si l’immunité à l’égard des différents stades plasmodiaux (stades préérythrocytaires, stades sanguins asexués), sous la dépendance essentielle des lymphocytes CD4+, ne devenait efficace qu’après toute une série d’infections successives plus ou moins graves, mais toutes potentiellement mortelles [88].Pour expliquer cette relative inefficacité du système immunitaire, on peut citer la complexité parasitaire, sa diversité antigénique, sa capacité à effectuer des variations antigéniques et son action directe sur le système immunitaire.

PRÉMUNITION ET IMMUNITÉ ANTITOXIQUE

Parmi les autres facteurs qui affectent l’immunité antiplasmodiale, deux semblent particulièrement importants : la prémunition et l’immunité antitoxique.

La prémunition est la nécessité du maintien d’une infection parasitaire minimale pour que se développe ultérieurement une véritable immunité [75], cette présence permanente du parasite ayant pour conséquence un risque constant d’infection grave.

L’immunité antitoxique [55] représente une situation originale en matière de maladies infectieuses, et peut-être propre au paludisme, où l’immunité contre la maladie précède, parfois de plusieurs années, l’immunité contre l’agent infectant lui-même. Ainsi, en zone d’endémie, un enfant qui atteint l’âge scolaire peut présenter des infections plasmodiales avec parfois des parasitémies très élevées en l’absence de toute symptomatologie. Cette situation de tolérance est secondaire à l’existence d’une immunité antitoxique spécifique vis-à-vis des toxines de nature lipidique sécrétées par le parasite [64] et elle est indépendante des cellules T [73]. La perte très rapide de cette immunité antitoxique chez les individus ayant quitté une zone d’endémie ou prenant une chimioprophylaxie inefficace expliquerait les formes graves de paludisme décrites chez des adultes autochtones quittant une zone d’endémie pendant plusieurs années et ceux apparaissant chez les transplantés venant de zones indemnes de paludisme et prenant une chimioprophylaxie inefficace.

La production d’anticorps antirosettes serait également un mode de protection contre le neuropaludisme [4].

VARIATIONS DE LA CAPACITÉ DE RÉPONSE DU SYSTÈME IMMUNITAIRE DE L’HÔTE

Elles peuvent rendre compte du fait que certaines maladies génétiques, la drépanocytose et le déficit en G-6-PD [95] en particulier, protègent contre les formes graves du paludisme.

De la même façon, les sujets human leukocyte antigen (HLA)-BW 53 présentent une résistance relative au neuropaludisme.

 

plasmodium--1-.jpg

Partager cet article
Repost0
8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 11:33

 

 

Critères de paludisme grave

 

 

plasmodium.jpg

 

 

 

Classiquement, l’accès pernicieux palustre se définit depuis Alphonse Laveran comme une « forme suraiguë de paludisme à P. falciparum susceptible de tuer rapidement le malade en 36-72 heures si un traitement spécifique n’est pas rapidement et correctement institué ». Les auteurs anglo-saxons ont longtemps utilisé le terme de cerebral malaria ou neuropaludisme qui, pour les auteurs français, n’était en fait qu’une forme clinique de l’accès pernicieux. À ces deux appellations, il faut aujourd’hui préférer celle de paludisme grave [95], véritable syndrome de dysfonction multiviscérale (SDMV) pouvant conduire au décès malgré un traitement étiologique bien conduit.

CRITÈRES MAJEURS DE PALUDISME GRAVE SELON L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ

Le paludisme grave se définit par la présence de formes asexuées de P. falciparum dans le sang et un ou plusieurs des dix critères majeurs suivants.

Coma vrai

Anémie sévère

Insuffisance rénale aiguë

OEdème pulmonaire

Hypoglycémie

Collapsus cardiovasculaire

Saignement spontané et/ou coagulation intravasculaire

disséminée

Convulsions généralisées répétées

Acidémie et/ou acidose métabolique

Hémoglobinurie macroscopique

– Un neuropaludisme ou cerebral malaria (tableau I) : chez l’adulte, la profondeur du coma est appréciée par le score de Glasgow qui varie entre 15 et 3, un score inférieur ou égal à 8 (coma vrai) définissant le neuropaludisme [86]. Chez l’enfant incapable de parler, on utilise un score spécifique, ou score de Molyneux, qui varie entre 5 et 0, le neuropaludisme étant affirmé par un score inférieur à 2 [57].

– Une anémie sévère : anémie normocytaire avec hématocrite inférieur à 15 %, ou concentration d’hémoglobine inférieure à 5 g/dL et parasitémie supérieure à 10 000/ mL.

– Une insuffisance rénale : débit urinaire inférieur à 400 mL/24 h chez l’adulte ou 12 mL/kg/24 h chez l’enfant, qui ne s’améliore pas après réhydratation, associé à une créatininémie supérieure à 265 μmol/L (> 30 mg/L).

– Un oedème pulmonaire ou un syndrome de détresse respiratoire aiguë de l’adulte (SDRA).

 

– Une hypoglycémie : glycémie inférieure à 2,2 mmol/L (< 0,4 g/L).

– Un collapsus circulatoire ou état de choc : hypotension (pression artérielle systolique < 50 mmHg chez l’enfant âgé de 1 à 5 ans ou < 70 mmHg chez l’adulte), avec peau froide, ou différence thermique entre les températures centrale et cutanée supérieure à 10 °C.

– Des saignements spontanés des gencives, du nez, du tube digestif et/ou une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) biologique.

– Des convulsions généralisées répétées : plus de deux en 24 heures malgré la réfrigération.

– Une acidémie : avec pH inférieur à 7,25 et/ou une acidose métabolique définie par une concentration de bicarbonates plasmatiques inférieure à 15 mmol/L.

– Une hémoglobinurie macroscopique : à distinguer d’une hémoglobinurie secondaire à la prise de médicaments antimalariques oxydants chez des patients avec déficit enzymatique érythrocytaire, déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G-6-PD) en particulier, ou d’une fièvre bilieuse hémoglobinurique.

Ces critères établis en zone d’endémie palustre n’ont pas été validés sur des populations non immunes et n’ont pas tous la même pertinence [33].

Ceux traduisant une dysfonction d’organe (coma, acidose, état de choc, oedème pulmonaire, insuffisance rénale aiguë) sont plus pertinents que ceux traduisant surtout l’importance de la parasitémie.

CRITÈRES MINEURS

Un trouble de la conscience avec un score de Glasgow supérieur à 8 chez l’adulte, ou score de Molyneux supérieur ou égal à 2 chez l’enfant (coma vigil), une hyperparasitémie supérieure à 5 %, un ictère détecté cliniquement ou défini biologiquement par une bilirubinémie supérieure à 50 μmol/L (30 mg/L), une fièvre avec température rectale supérieure à 40 °C, sont des critères dont la présence ne permet pas de porter un diagnostic de paludisme grave stricto sensu, mais qui sont toujours synonymes de gravité.

En pratique, ces critères mineurs impliquent la mise en oeuvre immédiate d’un traitement étiologique.

En particulier, tout patient présentant un accès palustre avec altération de la conscience et/ou tout autre signe de dysfonction cérébrale (troubles déficitaires, troubles psychiques...) doit être considéré comme un neuropaludisme et hospitalisé en milieu de réanimation [95].

 

Physiopathologie

La théorie classique de Maegraith [47], élaborée dans les années 1950, qui assimilait le neuropaludisme à un oedème cérébral de nature vasogénique par altération de la barrière hématoencéphalique, est aujourd’hui abandonnée [46].

Actuellement, la physiopathologie du paludisme grave reste encore très mal connue [22], deux théories pouvant schématiquement être retenues : la théorie mécanique et la théorie humorale (fig 2).

THÉORIE MÉCANIQUE : SÉQUESTRATION DES HÉMATIES PARASITÉES

La séquestration des hématies parasitées est connue depuis 1894, soit 18 ans après la découverte de l’agent pathogène du paludisme par Laveran. Elle est essentiellement intracérébrale, mais retrouvée dans la plupart des organes [22].

Mécanismes de la séquestration Phénomène de cytoadhérence

L’adhérence spécifique des globules rouges infectés sur des cultures de cellules d’endothélium vasculaire humain et sur des cellules de lignées de mélanome amélanique porteurs de récepteurs CD32 est connue depuis une dizaine d’années. Cette cytoadhérence qui a lieu surtout, mais pas exclusivement, dans les capillaires et les veinules postcapillaires cérébrales se fait par l’intermédiaire des knobs, protubérances électrodenses visualisées en microscopie électronique à la surface de la membrane des hématies parasitées, en regard de la zone de contact avec la cellule endothéliale [22, 51].

Au niveau moléculaire, la cytoadhérence fait intervenir des ligands d’origines parasitaire et érythocytaire et des récepteurs endothéliaux [78].Parmi les ligands parasitaires présents dans les knobs, la P. falciparum erythrocyte membrane protein-1 (PfEMP-1), protéine de haut poids moléculaire, est une des molécules les mieux connues [78]. Le principal ligand d’origine érythrocytaire est une glycoprotéine de surface, la bande 3 [78].Les récepteurs endothéliaux sont constitués de molécules de cytoadhérence présentes à la surface de l’endothélium vasculaire, en particulier au niveau des capillaires cérébraux.Bien qu’elle fut la première molécule incriminée, la thrombospondine, constituant plaquettaire de nature glycoprotéique, ne semble pas jouer de rôle dans le phénomène de cytoadhérence [78]. Le récepteur CD36, glycoprotéine de surface, semble en revanche impliqué [62].

L’intercellular adhesion molecule-1 (ICAM-1) et la vascular cell adhesion molecule-1 (VCAM-1), deux protéines apparentées aux immunoglobulines (Ig), semblent également intervenir comme récepteurs endothéliaux [61, 78], de même que l’E-sélectine ou l’endothelial leukocyte adhesion molecule (ELAM-1) [61].

Le rôle du phénomène de cytoadhérence dans le paludisme grave doit être discuté. Les études qui ont comparé les capacités de cytoadhérence de souches plasmodiales provenant de patients ayant présenté un paludisme grave et de patients ayant présenté un accès palustre simple n’ont montré aucune différence [49]. Par ailleurs, l’extrême variabilité de la cytoadhérence d’une souche à l’autre rend très difficile l’interprétation des résultats obtenus in vitro [66, 67].

Formation de rosettes

In vitro, les hématies saines peuvent se fixer sur les hématies parasitées formant des rosettes [4]. Les ligands de l’hématie parasitée seraient des polypeptides d’origine parasitaire, les rosettines, communs pour certains avec ceux de la cytoadhérence [83].

Ce phénomène a été retrouvé au cours du paludisme humain [4] et plusieurs études ont pu mettre en évidence une corrélation entre gravité neurologique et formation de rosettes in vitro [81].

 

Le rôle des rosettes dans la pathogénie du neuropaludisme reste cependant mal connu. Elles participeraient à la séquestration des hématies, faciliteraient la cytoadhérence et protégeraient les hématies parasitées de la phagocytose [31].

Rôle de la séquestration des hématies parasitées dans le paludisme grave

Qu’elle soit secondaire à la cytoadhérence et/ou à la formation de rosettes, la séquestration d’hématies parasitées dans la microcirculation cérébrale pourrait expliquer le neuropaludisme par l’hypoxie tissulaire qui en résulterait.

Les études concernant le métabolisme cérébral sont en effet en faveur d’un mécanisme hypoxique [87].

Par ailleurs, bien que l’oedème cérébral soit exceptionnel au cours du neuropaludisme, une hypertension intracrânienne est souvent rencontrée, en particulier chez l’enfant [59]. En revanche, chez l’adulte, une hypertension intracrânienne serait moins fréquente, 21 % des cas dans une étude de Warrell et al [85] réalisée chez 157 adultes thaï. Cette hypertension intracrânienne, en l’absence d’oedème cérébral et d’hydrocéphalie, serait secondaire à la séquestration des hématies parasitées avec élévation du volume sanguin cérébral [59].

Si le rôle de l’hypoxie cérébrale dans le neuropaludisme semble indiscutable, celui de la séquestration apparaît plus incertain. En effet, l’hyperproduction de lactates et la baisse de la consommation cérébrale d’oxygène s’accompagnent d’un maintien du débit sanguin cérébral avec une différence artérioveineuse de la concentration en oxygène normale [87].

La séquestration d’hématies parasitées a également été retrouvée dans d’autres organes que le cerveau. Une étude réalisée chez trois patients décédés de paludisme grave a permis de retrouver, au niveau pulmonaire, des hématies parasitées adhérant à la paroi capillaire par l’intermédiaire de knobs. Ces hématies parasitées voisinaient avec des aspects d’oedème alvéolaire et interstitiel et des altérations de la paroi alvéolocapillaire [13].

Une importante séquestration d’hématies parasitées a également été retrouvée dans le muscle squelettique de singes Aotus infectés par P. falciparum [54], pouvant expliquer la fréquence et l’importance de la rhabdomyolyse au cours du paludisme humain [53].

MÉCANISMES HUMORAUX DU PALUDISME GRAVE

Cellules immunocompétentes [26]

Le rôle des lymphocytes T dans la réponse humorale antimalarique est connu depuis longtemps [18]. Grau et al [26, 28] ont montré, sur un modèle murin de paludisme cérébral à P. berghei ANKA, que la présence de lymphocytes de phénotype CD4+ est nécessaire alors que l’absence de lymphocytes CD8+ n’a aucun effet protecteur. Les macrophages circulants, présents en grande quantité au niveau des lésions neurovasculaires ainsi que dans les organes lymphoïdes, joueraient également un rôle fondamental dans la survenue du paludisme grave [26].

Cytokines

Les études récentes ont tenté de préciser le rôle des cytokines, médiateurs de l’inflammation, produites par les cellules immunocompétentes.

En 1986, Scuderi et al [74] furent les premiers à constater une élévation des taux circulants de tumor necrosis factor (TNF) a au cours du paludisme à P. falciparum et à P. vivax. Dans une étude réalisée au Malawi chez 65 enfants avec paludisme grave, Grau et al [28] ont constaté que les taux circulants de TNF étaient significativement plus élevés chez les enfants qui allaient décéder que chez ceux qui survivaient. Dans une étude portant sur 178 enfants, réalisée en Gambie, Kwiatkowski et al [43] ont noté que les taux circulants de TNF étaient deux fois plus élevés dans le neuropaludisme d’évolution favorable que lors d’un accès palustre simple et 10 fois plus élevés en cas de neuropaludisme d’évolution mortelle. Par la suite, les différentes études publiées chez l’enfant africain [58, 76] et chez l’adulte non immun [37] ont confirmé le rôle prédictif du TNF au cours du paludisme grave ainsi que celui d’autres cytokines : l’interleukine (IL)1 [43], l’interféron c [43], l’IL2 [43], les récepteurs solubles du TNF [36] et l’IL6 [37, 58].

La sécrétion de TNF, cytokine pyrogène essentiellement produite par les macrophages activés, serait secondaire à la rupture paroxystique des schizontes mûrs lors de la libération de mérozoïtes, expliquant ainsi les importantes variations des taux circulants de cette cytokine [42]. L’on pense actuellement que c’est la sécrétion de toxines plasmodiales [41, 73] qui activerait certaines cellules hôtes, en particulier celles de la lignée monocytaire, avec libération en cascade de diverses cytokines. Ces toxines, insensibles à un traitement par protéases, sont de type antigénique car neutralisées par des anticorps spécifiques. L’élément essentiel de ces toxines serait de type lipidoglycane. Pour Schofield et al [73], il s’agirait du glycosylphosphatidyl- inositol qui sert d’ancrage à plusieurs antigènes de surface du mérozoïte.

Cette théorie « toxinique » permettant de comprendre certains aspects cliniques du paludisme grave, proches de ceux décrits lors des états infectieux sévères d’origine bactérienne, est en fait une théorie ancienne déjà défendue par Maegraith et al [48] et reprise par Clark et al [7, 12].

La sécrétion de cytokines pourrait également être secondaire à la présence d’une endotoxine bactérienne circulante qui a pu être mise en évidence au cours de formes graves de paludisme [82] et qui expliquerait les similitudes entre le paludisme grave de l’adulte et le choc endotoxinique bactérien [7]. Cette présence d’endotoxine [1] pourrait être secondaire à une surinfection par bacilles à Gram négatif, fréquente au cours du paludisme grave en raison de l’importante immunodépression que celui-ci entraîne [92]. Elle pourrait aussi être secondaire à une ischémie splanchnique avec translocation bactérienne à partir du tube digestif, l’ischémie splanchnique pouvant être due à la séquestration d’hématies parasitées [95].Le rôle des cytokines dans la pathogénie du paludisme grave, comme dans les autres états septiques sévères, reste à déterminer de façon précise. Les cytokines pyrogènes, le TNF en particulier, expliqueraient l’hyperthermie palustre et son caractère parfoisparoxystique, rythmé par les ruptures synchrones de schizontes [42].

 À faible dose, les cytokines auraient un rôle protecteur, le TNFinhibant la croissance plasmodiale intraérythrocytaire [42].

À forte dose, en revanche, elles seraient responsables des formes graves de paludisme. Le TNF, dont les taux circulants sont corrélés aux symptômes de paludisme grave et non pas au seul neuropaludisme [76], possède une large gamme d’activités biologiques, en particulier sur la cellule endothéliale vasculaire, pouvant expliquer les troubles de la conscience [8] mais aussi la plupart des symptômes observés au cours du paludisme grave comme l’hypoglycémie très fréquente chez l’enfant [43], et la rhabdomyolyse qui serait due à une action myotoxique directe [19].

Le TNF a également la propriété d’augmenter l’expression de certaines molécules de cytoadhérence comme l’ICAM-1, favorisant la cytoadhérence des hématies parasitées [26, 28] et faisant le lien entre théorie mécanique et théorie immunitaire.

Le rôle des autres cytokines est beaucoup moins bien connu. L’IL6 est probablement un médiateur clé de l’hypergammaglobulinémie malarique [27] ; elle pourrait ainsi être impliquée dans lesmanifestations chroniques du paludisme liées à la production de complexes immuns comme les glomérulonéphrites.

En revanche, son rôle dans le paludisme grave est inconnu. Les récepteurs solubles de l’IL2, en fixant l’IL2, diminueraient la stimulation des lymphocytes CD4+ et favoriseraient l’immunodépression qui caractérise le paludisme grave [39].

Monoxyde d’azote (NO) dans le paludisme grave

Le TNF stimule la sécrétion de NO par la cellule endothéliale et le muscle lisse [10]. En revanche, il n’a aucune action sur la production neuronale de NO [10].

Le rôle du TNF dans la production de NO a conduit Clark et al [10, 11] à formuler l’hypothèse que le NO serait un des médiateurs essentiels impliqués dans la paludisme grave. Son action vasodilatatrice, par l’intermédiaire de la guanidylcyclase, pourrait être responsable de l’hypotension artérielle [10] caractéristique des formes dites « algides », dont la pathogénie serait ainsi proche de celle du choc septique. Les troubles de la conscience seraient également secondaires au NO périphérique qui, par son action vasodilatatrice, augmenterait la pression intracrânienne [24] et par sa diffusion à travers la barrière hématoencéphalique, se comporterait comme un faux neurotransmetteur au niveau neuronal central [10].

Cette hypothèse séduisante n’a pas été confirmée expérimentalement, l’injection d’inhibiteurs de la production de NO, même par voie intracérébrale, n’ayant pas d’effet sur la mortalité [68].

Radicaux libres

Ils sont sécrétés en grande quantité dans les états septiques graves, surtout par les leucocytes activés sous l’influence du TNF [9]. Au cours du paludisme grave, une élévation de la malonyldialdéhyde dans le liquide céphalorachidien a pu être observée [15]. Une diminution significative de la durée du coma au cours du neuropaludisme de l’enfant a été obtenue par adjonction de chélateurs du fer dont on sait qu’il joue un rôle important dans la synthèse des radicaux libres [25].

Les radicaux libres pourraient être impliqués dans la pathogénie du neuropaludisme et de l’oedème pulmonaire de type lésionnel observé au cours du paludisme grave.

 

plasmodium2.jpg


Partager cet article
Repost0
8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 11:18

 

 

Paludisme grave

 

 

YOUSRA BIEN EQUIPE

 

 

 

Résumé. – Les formes potentiellement mortelles de paludisme à Plasmodium (P.) falciparum sont définies par les critères de paludisme grave de l’Organisation mondiale de la santé.

En France métropolitaine, le paludisme d’importation à P. falciparum qui survient chez des sujets non immuns est souvent grave. Saphysiopathologie fait intervenir deux types de phénomènes :

phénomènes mécaniques spécifiques liés au développement intraérythrocytaire du parasite, phénomènes inflammatoires aspécifiques. Cliniquement, le paludisme grave réalise le plus souvent un syndrome de dysfonction multiviscérale, rarement, à part chez l’enfant, un coma fébrile. Le diagnostic biologique de certitude repose sur l’examen au microscope optique d’une goutte épaisse et/ou d’un frottis sanguin. La quinine demeure l’antipaludique de référence. Sanposologie s’exprime en quinine-base si elle est utilisée seule ou en alcaloïde-base si elle est utilisée en association avec d’autres alcaloïdes actifs. Elle doit être administrée par voie intraveineuse, après une dose de charge de 17 mg/kg en 4 heures, à la posologie de 24 mg/kg/24 h, jusqu’à la disparition du parasite dans le sang. L’exsanguinotransfusion, les corticoïdes, l’héparine, l’antibiothérapie systématique n’ont pas d’indication. Le traitement symptomatique qui nécessite la mise en oeuvre de techniques de réanimation doit être réalisé en unité de soins intensifs. Les complications après le début du traitement sont dominées par l’oedème pulmonaire, l’aggravation des troubles de la conscience et l’hypoglycémie. Les complications infectieuses nosocomiales sont fréquentes en raison de l’immunodépression palustre.

Mots-clés : Plasmodium falciparum, paludisme grave, neuropaludisme, syndrome de dysfonction multiviscérale, quinine.

Introduction

Le paludisme est une érythropathie provoquée par le développement dans les hématies d’un hématozoaire du genre Plasmodium transmis par un moustique, l’anophèle femelle. Près de 2 milliards d’individus, soit 34 % de la population du globe, vivent en zone d’endémie palustre et selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 100 millions de personnes dans le monde sont impaludées [95].

Parmi les quatre espèces de plasmodies responsables du paludisme humain, trois sont spécifiquement humaines (P. falciparum, vivax, ovale), une est commune à l’homme et aux grands singes africains (P. malariae), mais seul P. falciparum est responsable de formes graves potentiellement mortelles.

Ces formes graves représentent 10 % des cas de paludisme à P. falciparum. Elles seraient responsables, bien qu’aucune véritable étude statistique n’ait été réalisée, du décès de plus de 1 million de personnes par an, essentiellement des enfants africains vivant en zone subsaharienne [29, 50]. Mais aujourd’hui, en raison essentiellement du développement du tourisme de masse, le paludisme ne concerne plus uniquement les sujets vivant en zone d’endémie [3]. Ainsi, en France métropolitaine, plus de 4 000 cas de paludisme d’importation à P. falciparum sont recensés chaque année avec une vingtaine de décès [63].

Épidémiologie

Dans le cycle biologique de Plasmodium, l’anophèle, hôte définitif, est le siège exclusif du cycle sexué ou sporogonique. L’homme est un hôte intermédiaire chez lequel se produit la multiplication asexuée ou schizogonique du parasite. La transmission du parasite des glandes salivaires de l’anophèle femelle infestée à l’homme a lieu au cours de la piqûre, le passage secondaire vers l’anophèle se faisant lors du repas sanguin .

PARTICULARITÉS DU CYCLE DE PLASMODIUM FALCIPARUM

Les particularités du cycle de P. falciparum expliquent en partie l’originalité et la gravité du paludisme à P. falciparum.

Le cycle hépatocytaire dure de 7 à 15 jours et se caractérise par l’absence d’hypnozoïtes ou forme dormante de trophozoïte, responsables des accès palustres à distance par reviviscence schizogonique.

La durée du cycle érythrocytaire est de 48 heures. Les hématies sont parasitées quel que soit leur âge avec des parasitémies très importantes pouvant intéresser jusqu’à 40 à 50 % des hématies. La schizogonie érythrocytaire s’effectue de façon quasi exclusive dans les capillaires viscéraux, cérébraux en particulier, où les hématies parasitées sont séquestrées par l’intermédiaire de protubérances de la paroi érythrocytaire ou knobs.

Habituellement, la longévité du parasite ne dépasse pas 2 mois, mais peut atteindre 6 mois ou même 1 an.

PALUDISME À PLASMODIUM FALCIPARUM DANS LE MONDE

C’est en Afrique noire que le paludisme est le plus répandu puisque 90 % des cas dans le monde surviennent en Afrique. Le développement du cycle chez le moustique qui exige une température supérieure à 18 °C et un degré hygrométrique élevé explique que le paludisme à P. falciparum soit le paludisme le plus répandu en Afrique intertropicale où il sévit à l’état endémique. En zone subtropicale ou tempérée chaude, en particulier en zone sahélienne [81], le paludisme à P. falciparum est souvent saisonnier, survenant après la saison des pluies pendant 3 à 4 mois. En Afrique noire, le risque d’accès palustre chez des sujets non immuns n’ayant pas pris de chimioprophylaxie est de 1 à 2% par mois d’exposition [3] ; il est plus élevé en Afrique de l’Ouest (2,4 %) qu’en Afrique de l’Est (1,5 %).

Dans les autres régions d’endémie palustre, Asie et Amérique latine, les risques de transmission sont beaucoup plus faibles. Ainsi, en Asie, en dehors de l’Inde, il n’y a plus de transmission dans la plupart des villes [3].

De plus, dans ces régions, sévit essentiellement P. vivax, jamais responsable de formes graves. Cependant, le risque de forme grave n’est pas absent de ces régions ; ainsi, dans la région des Guyanes (Guyana, Surinam et Guyane française), le nombre de cas a augmenté d’année en année entre 1983 (5 100 cas) et 1988 (41 000 cas), le genre P. falciparum étant retrouvé à l’état endémique en Guyane française [34].

Les pays endémiques sont classés en trois groupes en fonction du niveau de résistance à la chloroquine :

– groupe 1 : pas de chloroquinorésistance ;

– groupe 2 : chloroquinorésistance présente ;

– groupe 3 : niveau élevé de chloroquinorésistance ou multirésistance.

En dehors de son intérêt épidémiologique, cette classification est importante à considérer au plan thérapeutique, la chloroquinorésistance étant souvent associée à une diminution desensibilité à la quinine.

 


Partager cet article
Repost0
7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 12:16

 

 

 

Optimisation thérapeutique secondaire (premières 24 heures):traitements du sepsis sévère

 

 

 

YOUSRA AR FERMER

 

 

 

Corticoïdes

Au cours du choc septique, il existe une insuffisance surrénalienne le plus souvent relative (incidence de 6 à 75 %) dont le mécanisme physiopathologique n’est pas univoque.

 Cet étatsemble se compliquer d’une résistance périphérique aux corticostéroïdes.

Il a également été montré qu’une synergie d’action existe entre les corticoïdes et les amines vasoconstrictrices, les corticoïdes potentialisant les effets hémodynamiques des catécholamines.

Au cours du choc septique, la réponse vasculaire aux catécholamines endogènes est diminuée alors que leur concentration sérique est élevée.

Une désensibilisation des récepteurs a et b,

une production excessive de monoxyde d’azote ainsi qu’une hyperperméabilité capillaire pourraient en être la cause. Il a été montré expérimentalement que les corticostéroïdes augmentaient le nombre d’adrénorécepteurs a et b, et restauraient leur sensibilité aux catécholamines.

Ainsi, l’administration de corticoïdes est recommandée au cours du choc septique requérant un traitement par catécholamines [5, 6] (Tableau 2).

L’amélioration hémodynamique semble plus le fait d’un effet vasculaire que d’un effet modulateur de la réponse inflammatoire, quoique cet effet ait été par ailleurs démontré. La prescription de corticoïdes doit se faire, sauf urgence absolue (purpura fulminans), après avoir réalisé (mais sans en attendre les résultats) un prélèvement pour dosage dela cortisolémie juste avant et 1 heure après un test au Synacthène ® (test de stimulation par 250 μg d’adrenocorticotrophic hormone [ACTH]). Il a été montré qu’une augmentation de la cortisolémie supérieure à 9 μg dl–1 après le test de stimulation à l’ACTH permet d’identifier les patients (dits répondeurs) qui survivront à un choc septique. [17] La dose d’hémisuccinate d’hydrocortisone actuellement recommandée est de 50 mg toutes les 6 heures. [5, 6] La durée de traitement est de 5 jours ou plus. Les patients souffrant d’un état de choc réfractaire associé à une insuffisance surrénalienne doivent bénéficier d’une supplémentation en fludrocortisone à la dose [5] de 50 μg j–1. De telles mesures appliquées récemment dans l’essai clinique Ger- Inf 05 d’Annane et al. [5] ont permis d’enregistrer une réduction absolue de la mortalité à 28 jours de 10 % chez des patients non répondeurs au test à l’ACTH et présentant un choc septique réfractaire aux catécholamines.

Modulateurs de la coagulation : utilisation de la protéine C activée

Au cours du sepsis sévère, la présence d’éléments membranaires bactériens est responsable de l’activation et de la libération de médiateurs de l’inflammation. Alors qu’une corrélation entre la gravité de l’état infectieux et l’activation de la coagulation est connue depuis plus de 35 ans [18], l’interaction entre inflammation et coagulation a été mise en évidence plus récemment. [19]

Plusieurs études ont démontré que le système de coagulation est activé par les médiateurs inflammatoires, eux-mêmes activés par le système de coagulation. [20]

L’endothélium est fortement impliqué dans ce processus, passant d’un état

normalement anticoagulant et profibrinolytique à un état procoagulant

et antifibrinolytique sous l’action des médiateurs de l’inflammation ou de l’endotoxine. [21] Ces derniers sont responsables de l’augmentation du facteur tissulaire (FT) d’origine monocytaire et endothéliale, acteur principal du déclenchement de la coagulation (Fig. 2). [22] L’activation rapide et excessive de la coagulation est responsable de la formation de dépôts de fibrine dans la microcirculation provoquant l’apparition de zones focales d’hypoperfusion, de nécrose tissulaire et au final du développement du syndrome de défaillance multiviscérale. [23]L’inhibiteur naturel du FT (tissue factor pathway inhibitor, TFPI) synthétisé par l’endothélium, l’antithrombine (AT) et la protéine C (PC), synthétisées par le foie et interagissant avec l’endothélium, jouent un rôle central dans la modulation de la coagulation.

Les médiateurs de l’inflammation et l’endotoxine sont responsables d’une diminution de l’expression du récepteur endothélial de la PC et de la thrombomoduline, et donc d’une diminution de l’activation de la PC et de son rôle de modulateur. [24]

L’AT a été la première molécule dont le bénéfice a été évalué au cours du sepsis. Les résultats d’une large étude clinique de phase III internationale randomisée (KyberSept Trial) évaluant l’AT en double aveugle versus placebo incluant 2 341 patients présentant un sepsis sévère n’ont pas montré de réduction de la mortalité à 28 jours : 38,9 % sous AT versus 38,7 % sous placebo. De plus, il existait un risque hémorragique majeur associé de 10 % sous AT versus 5,7 % sous placebo (p < 0,001). [25] Il est important de noter qu’une analyse post hoc montrait que les patients traités par AT mais n’ayant pas reçu d’héparine en traitement concomitant présentaient une diminution significative de mortalité au 90e jour (AT : 44,9 %,placebo 52,5 %, p = 0,03). Ces résultats suggèrent que l’héparine circulante ait pu modifier la liaison AT-endothélium, liaison nécessaire aux effets thérapeutiques de la molécule. En l’état de nos connaissances, l’AT ne peut pas être recommandée actuellement dans le traitement du sepsis sévère.

Les mêmes conclusions ont été obtenues avec l’utilisation du TFPI. Une large étude de phase III multicentrique, internationale,randomisée en double aveugle contre placebo (OPTIMIST Trial), évaluant le TFPI recombiné (rTFPI) chez les patients ayant un sepsis sévère, n’a pas montré de réduction significative de la mortalité à 28 jours. [26] La mortalité au 28e jour était de 33,9 % dans le groupe traité contre 34,2 % dans le groupe placebo. En conclusion, le rTFPI ne peut pas être recommandé actuellement dans le traitement du sepsis sévère.

En revanche, l’utilisation de la PC activée humaine recombinée (rhAPC) ou drotrécogine alpha (Xigris®) a donné des résultats positifs dans le traitement du sepsis sévère (PROWESS Trial), marqués par une réduction significative de la mortalité. [27] Son mode d’action est rappelé dans la Figure 2. Les nombres de patients décédés à 28 jours étaient de 259 sur 840 (30,8 %) dans le groupe placebo et de 210 sur 850 (24,7 %) dans le groupe traité par rhAPC, soit une réduction absolue de 6,1 % et relative de 19,4 % de la mortalité (p = 0,005 avec ou sans stratification).

Le bénéfice observé était homogène selon les différents sousgroupes considérés, et en particulier selon le score de gravité APACHE II, le nombre de défaillances d’organe associées, l’âge, le sexe, le déficit en PC associé ou le site et le type d’infection à l’origine du sepsis sévère.

Ce bénéfice était obtenu avec une réduction significative des durées de ventilation mécanique et de traitement vasoactif mais sans nette diminution des durées de séjour en réanimation et à l’hôpital.Du premier au septième jour de traitement, les taux de D-dimères (marqueurs de l’activation de la coagulation) et d’interleukine 6 (marqueurs de l’inflammation) étaient significativement diminués.

L’incidence des accidents hémorragiques graves à 28 jours était augmentée de manière non significative sous rhAPC (3,5 % dans le groupe rhAPC versus 2,0 % dans le groupe placebo, p = 0,06). L’index de qualité de vie des survivants à 28 jours était comparable entre les deux groupes alors même que les patients sous drotrécogine alpha activée étaient significativement plus graves à l’inclusion. Ainsi, une autorisation de mise sur le marché a été délivrée pour la première fois en Europe pour une nouvelle molécule dans l’indication du traitement du sepsis sévère en réanimation.

Les posologies recommandées sont de 24 μg kg–1 h–1 en perfusion intraveineuse continue pendant une durée totale de 96 heures.

Les événements hémorragiques des études de phase IIIb menées depuis PROWESS (ENHANCE et ADDRESS) restent rares :

0,3 % d’accidents vasculaires cérébraux hémorragiques (contre 0,2 % dans le groupe traité par le placebo, p = 0,72), et 2,4 % d’accidents hémorragiques majeurs (contre 1,1 % dans le groupe traité par le placebo, p = 0,01) dans l’étude ADDRESS. [28]

Ces événements doivent, en dépit de leur rareté, rester présents à l’esprit des médecins pour qu’ils puissent juger au mieux du bénéfice et du risque pris lors de l’utilisation de cette molécule dans le contexte périopératoire, d’autant que les patients en sepsis sévère présentent une coagulopathie et que le suivi de cette coagulopathie est rendu délicat lors du traitement par le Xigris®.

On rappellera ici l’intérêt de la mesure du taux de prothrombine (TP) ou de l’international normalized ratio (INR), sur lesquels la protéine C activée a des effets mineurs, pour suivre la coagulopathie liée au sepsis, et l’intérêt du temps de céphaline activé (TCA) pour suivre l’effet de la protéine C qui, elle, influe sur la mesure de ce paramètre en l’allongeant. Si les tests successifs d’hémostase indiquent un état de coagulopathie non contrôlé ou en voie d’aggravation, augmentant significativement le risque hémorragique, les bénéfices de la poursuite de la perfusion doivent être évalués au regard du risque potentiel accru d’hémorragie pour ce patient.

Le Xigris® fait encore l’objet d’une courbe d’apprentissage, celle-ci n’étant pas sans effet sur l’impact thérapeutique de la molécule. Dans une publication récente, nous avons pu montrer que lorsque les premiers patients (n = 4) de chaque centre de l’étude PROWESS étaient éliminés, l’analyse des résultats démontrait un effet plus large du Xigris® sur la mortalité avec une réduction absolue de celle-ci de 8,3 %. [29]

L’utilisation de la rhAPC est recommandée en France chez les patients à haut risque de mortalité (présence d’au moins deux défaillances viscérales liées à l’infection depuis 48 heures maximum, ou d’un choc septique et d’une défaillance viscérale telle que le syndrome de détresse respiratoire aiguë ou l’insuffisance rénale aiguë pour ne citer que les plus fréquentes) et n’ayant pas d’hémorragie active ni de risque hémorragique élevé (Tableau 2). [6, 27] Si un geste invasif ou chirurgical doit être réalisé, la perfusion doit être arrêtée 2 heures avant et reprise6 heures (geste peu invasif) à 12 heures (geste invasif majeur ou chirurgical) après, selon les difficultés des procédures. L’existence d’un saignement inhabituel ou abondant, d’une numération plaquettaire < 50 000 mm–3 doivent conduire à discuter l’interruption thérapeutique et sa durée en fonction du jugement clinique. L’utilisation d’héparine à doses préventives ne contre-indique pas l’utilisation du Xigris®.

Utilisation des référentiels de soins en réanimation

Ces référentiels concernent aujourd’hui différents aspects de la prise en charge thérapeutique du patient de réanimation : sédation, ventilation, contrôle de la glycémie, épuration extrarénale, traitement de l’acidose, prophylaxie de la thrombose veineuse et de l’ulcère.

Quoique n’ayant pas été obtenus strictement chez des patients de réanimation en sepsis sévère, des résultats notables en termes de réduction de mortalité ont pu être observés pour certains de ces référentiels au cours d’essais randomisés, chez des patients de réanimation en général, notamment pour le contrôle strict de la glycémie [30] à moins de 8,3 mmol l–1 ou 1,50 g l–1 et pour l’utilisation d’une stratégie de ventilation protectrice, avec une pression de plateau inférieure ou égale à 30 cmH2O chez les patients ventilés mécaniquement (Tableau 2). [31]

Conclusion

Quelques études récentes construites sur une méthodologie,rigoureuse, et testant l’efficacité de traitements spécifiques à la,prise en charge de la physiopathologie du sepsis sévère, ont,permis d’améliorer significativement son pronostic. [4, 5, 27]La prise en charge globale étiologique et symptomatique avec,,en particulier, une utilisation appropriée d’une antibiothérapie précoce et adaptée [11], ainsi qu’une réanimation volémique initiale précoce, rapide et dirigée par l’utilisation d’un paramètre global d’oxygénation d’obtention aisée tel que la SvcO2 [4], restent à l’évidence les éléments essentiels de la prise en charge initiale (moins de 6 h) et permettent une réduction absolue de la mortalité à 28 jours de 16 %. Ces éléments ont été rappelés récemment dans la conférence française de consensus sur la prise en charge hémodynamique du choc septique (Fig. 3, 4).

D’autres approches plus spécifiques (en moins de 24 h) telles que l’utilisation de la rhAPC (réduction absolue de la mortalité à 28 j de 6,1 %) chez les patients ayant au moins deux défaillances d’organe [27], ou l’utilisation des corticoïdes [5] chez les patients présentant une insuffisance surrénalienne relative (réduction absolue de la mortalité à 28 j de 10 %) ont également contribué à modifier la survie des patients en sepsis sévère.

L’application de bonnes pratiques cliniques pour la prise en charge générale des patients de réanimation, telle que le contrôle du volume courant en ventilation mécanique ou un contrôle plus strict de la glycémie [30, 31], pourra certainement également contribuer à l’amélioration générale du pronostic des patients en sepsis sévère.

La mise en application et la mise en commun de ces différentes stratégies (Tableau 2) peuvent laisser penser que l’objectif de la SSC d’une réduction absolue de 25 % de la mortalité du sepsis sévère au cours des cinq prochaines années est réalisable. Ce but, quoique ambitieux, ne semble pas totalement irréaliste lorsque le cumul des réductions absolues de mortalité des essais précédemment cités est envisagé. La réduction de la mortalité de l’infarctus du myocarde de 30 % au début des années 1970 à moins de 10 % à la fin des années 1990 peut, de ce point de vue, servir d’exemple. Comme pour la prise en charge de l’infarctus du myocarde, l’application des recommandations de la SSC devra être associée à une reconsidération de l’organisation hospitalière de la filière « sepsis », en assurant notamment la précocité de la prise en charge, mais aussi l’organisation générale des soins dans différents secteurs préhospitaliers ou hospitaliers, qu’il s’agisse des secteurs d’hébergement, de l’urgence ou de la réanimation, et aussi la gestion et la prise en compte des risques infectieux intrahospitaliers.

 

Point important

Autres situations à risque hémorragique et Xigris®

Dans les situations suivantes, les risques encourus lors de l’administration de Xigris® doivent être évalués au regard des bénéfices attendus :

• administration récente (au cours des 3 derniers jours) d’un traitement thrombolytique ;

• administration récente (au cours des 7 derniers jours) d’anticoagulants oraux ;

• administration récente (au cours des 7 derniers jours) d’aspirine ou d’autres antiagrégants plaquettaires ;

• accident vasculaire cérébral ischémique récent (au cours des 3 derniers mois) ;

• toute autre situation dans laquelle le médecin considère qu’une hémorragie importante est possible.

 

Points essentiels

• Le « sepsis sévère » est défini comme une dysfonction ou hypoperfusion d’un organe induite par une infection ; le « choc septique » est défini par une hypotension artérielle, réfractaire au remplissage, associée à une dysfonction ou hypoperfusion d’organes.

• La mortalité du sepsis sévère reste élevée (45 %) dans la plupart des réanimations françaises.

• Des recommandations ayant pour but d’aider les praticiens à améliorer les chances de survie de patients atteints de sepsis sévère s’intègrent dans un projet international intitulé Surviving Sepsis Campaign.

• Ces recommandations reprennent les innovations thérapeutiques basées sur un monitorage tourné vers la prise en charge globale de l’oxygénation tissulaire avec SvcO2 > 70 %.

• Elles se basent sur le concept d’optimisation thérapeutique initiale dans les 6 premières heures du sepsis sévère pendant lesquelles le remplissage vasculaire ne souffre aucun retard.

• Le traitement anti-infectieux doit être débuté dans les premières heures après le diagnostic de sepsis posé.

• En cas de choc septique, le remplissage doit être rapidement accompagné de l’administration de catécholamines vasoconstrictrices. La noradrénaline est préférée à la dopamine. La dobutamine est recommandée lorsque l’index cardiaque est inférieur à 2,5 l min–1 m–2 ou si SvcO2 < 70%.

• L’existence d’une insuffisance surrénalienne relative au cours du choc septique fait recommander la prescription de corticoïdes après réalisation d’un test au Synacthène®.

• La protéine C activée est la seule molécule innovante récente permettant, à ce jour, de diminuer la mortalité du sepsis sévère.

• Une prise en charge globale intégrant les référentiels de soins en réanimation doit être instaurée. Elle concerne la sédation, la ventilation, le contrôle de la glycémie, l’épuration extrarénale, le traitement de l’acidose et la prophylaxie de la thrombose veineuse et de l’ulcère gastrique.


Partager cet article
Repost0
7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 12:02

 

 

Optimisation thérapeutique initiale (6 premières heures): traitements du sepsis sévère

 

 

 

YOUSRA G 2

 

 

Remplissage vasculaire

Il n’admet aucun retard et constitue une urgence dans sa mise en route avant tout autre traitement dès le diagnostic de sepsis sévère ou d’état de choc posé.

Il doit viser à optimiser les apports à la demande en oxygène de l’organisme. Les objectifs d’optimisation hémodynamique au cours des 6 premières heures de réanimation ont été définis sur les données de l’étude prospective randomisée de Rivers etal.[4] et rappelés dans la conférencedeconsensusdenossociétéssavantes nationales d’anesthésie, réanimation et médecine d’urgence (les recommandations sont disponibles sur site web : http : //www.sfar.org/s/article.php3 ?id_article=289).

L’optimisation thérapeutique dans l’étude de Rivers et al. [4] visait, par un protocole de remplissage et/ou par l’administration de médicaments vasopresseurs, à maintenir chez tous les patients des paramètres hémodynamiques classiques (une pression artérielle moyenne [PAM] supérieure à 65 mmHg, une pression veineuse centrale [PVC] entre 8 et 12 mmHg, de 12 à 15 mmHg chez le patient intubé-ventilé, une diminution de la tachycardie, une diurèse horaire de plus de 0,5 ml kg–1 h–1) mais aussi, et surtout, à obtenir le maintien de la saturation veineuse centrale en oxygène (SvcO2) à une valeur supérieure à 70 % . Ce paramètre est d’obtention aisée par l’intermédiaire d’un cathéter central mis en place dans le territoire cave supérieur et peut être automatisé (cathéters équipés de fibres optiques). La SvcO2 donne un reflet global de l’adéquation entre apports et besoins en oxygène.

Une valeur de SvcO2 inférieure à 40 % est associée à une anaérobiose tissulaire globale et peut être corroborée par une hyperlactatémie supérieure à 4 mmol l–1 ; une valeur de SvcO2 entre 40 et 70 % nécessite une correction de la balance apport-demande en oxygène. La balance en oxygène peut être améliorée par :

• l’augmentation des apports : transfusion de globules rouges (pour maintenir un hématocrite supérieur ou égal à 30 %), et/ou administration de dobutamine (jusqu’à un maximum de 20 μg kg–1 min–1) ;

• la diminution de la demande en oxygène : sédation, intubation, curarisation et ventilation (Tableau 2).

Dans l’étude de Rivers et al. [4], le groupe de patients traités selon cette modalité de maintien de la SvcO2 (EGDT) a démontré une réduction absolue de la mortalité de 16 % par rapport au groupe n’en bénéficiant pas. La mortalité hospitalière était de 30,5 % chez les patients optimisés au moyen de la SvcO2 et de 46,5 % chez les patients traités conventionnellement (p = 0,009).

Entre la 7e et la 72e heure, la valeur moyenne de la SvcO2 était significativement plus élevée chez les patients optimisés (70,6 ± 10,7 % versus 65,3 ± 11,4 % ; p = 0,02), le pH artériel moyen était également plus élevé (7,40 ± 0,12 versus 7,36 ± 0,12 ; p = 0,02) et était associé à des valeurs plus basses de lactate plasmatique (3,0 ± 4,4 mmol l–1 versus 3,9 ± 4,4 mmol l–1 ; p = 0,02) et d’excès de base (2,0 ± 6,6 mmol l–1 versus 5,1 ± 6,7 mmol l–1 ; p = 0,02).

Le nombre de défaillances viscérales et la durée de séjour en réanimation étaient significativement plus élevés dans le groupe traité conventionnellement que dans le groupe optimisé au moyen de la SvcO2. Il est important de souligner, une fois encore, que les délais de prise en charge hémodynamique avaient été raccourcis au maximum dans cette étude pour ne pas dépasser 6 heures. Au cours de ces 6 premières heures, les différences observées entre les deux groupes pour la stratégie thérapeutique montrent que le groupe EGDT a reçu plus de remplissage (5 000 vs 3 500 ml ; p < 0,001), plus de transfusion (64 versus 18 % ; p < 0,001), et plus de prescription de dobutamine (13,7 versus 0,8 % ; p < 0,001) que le groupe contrôle.

Cette étude a montré pour la première fois qu’une amélioration de la survie de patients présentant un sepsis sévère pouvait être obtenue par la seule optimisation hémodynamique précoce et rapide guidée par des méthodes simples, fiables et rationnelles après admission dans une structure d’urgence.

Le choix du produit de remplissage peut porter sur les cristalloïdes ou les colloïdes. Aucune supériorité de l’un ou de l’autre n’a été aujourd’hui démontrée chez le patient de soins intensifs [7]; le sepsis sévère pourrait bénéficier de la perfusion d’albumine [7], quoique ceci nécessite d’être démontré par un essai clinique prospectif.

L’administration de concentrés globulaires, une fois résolue l’hypoperfusion tissulaire, est indiquée lorsque le taux d’hémoglobine est inférieur à 70 g l–1, en dehors de toute pathologie coronaire, d’hémorragie aiguë ou d’acidose lactique (signant la persistance d’une hypoperfusion tissulaire), dans le but d’obtenir un taux d’hémoglobine compris entre 70 et 90 g l–1. La transfusion de concentrés globulaires visant à augmenter le contenu en oxygène ne semble pas augmenter la consommation en oxygène lorsque l’hypoperfusion est absente. [8, 9]

Traitement anti-infectieux

Le traitement antibiotique doit être débuté dans les premièresheures après le diagnostic de sepsis posé (Tableau 2), après avoir réalisé des prélèvements guidés selon la clinique et comprenant au moins deux hémocultures [6, 10] dont au moins une obtenue par ponction percutanée et une obtenue sur chaque accès veineux de moins de 48 heures. Avant l’obtention des résultats des cultures, le choix de l’antibiothérapie reste empirique et basé sur la probabilité de présence d’un germe en fonction du contexte clinique (anamnèse, antécédents du patient, sémiologie clinique) et de l’écologie bactérienne. Il a été démontré que l’incapacité de débuter rapidement un traitement approprié (c’est-à-dire actif contre le pathogène responsable des symptômes) avait des conséquences sur le pronostic. [11] La gravité de l’état de choc septique justifie de débuter le traitement par une antibiothérapie à large spectre qui sera adaptée dès réception des résultats des cultures. Ce traitement devra être réévalué toutes les 48-72 heures afin de réduire les risques de résistance, de toxicité et le coût.

Quand un pathogène est identifié, une monothérapie peut être envisagée, sauf si le germe est Pseudomonas et chez le patient neutropénique. Sa durée est d’environ 7 à 10 jours et guidée par l’évolution clinique.

L’éradication d’un foyer infectieux ne doit être envisagée qu’après les premières mesures de réanimation mises en place.

Si l’origine de l’infection n’est pas déterminée, il semble souhaitable de retirer et changer tous les accès intravasculaires. [12]

Catécholamines

L’altération conjointe de la fonction cardiaque (diminution de la contractilité myocardique) et circulatoire (diminution du tonus vasoconstricteur) se traduit cliniquement par une hypotension réfractaire au remplissage et péjorative sur un plan pronostique.

Il faut aussi tenir compte de l’hétérogénéité de la diminution de la réponse vasculaire périphérique aux agonistes a-adrénergiques qui, associée à l’hétérogénéité locorégionale du tonus vasculaire, entraîne une anomalie de la redistribution du débit sanguin aux dépens du territoire splanchnique. Au cours du choc septique, le remplissage doit être rapidement accompagné de l’administration de médicaments vasoconstricteurs [6, 13, 14] (Fig. 1) (Tableau 2).

La mise en route d’un tel traitement est recommandée après l’absence d’efficacité de deux épreuves de remplissage successives chacune sur 20 minutes par des colloïdes (2 fois 500 ml) ou des cristalloïdes (2 fois 1 000 ml). Les agents de première intention sont la dopamine ou la noradrénaline.

La dopamine augmente la PAM et le débit cardiaque par augmentation du volume d’éjection systolique et de la fréquence cardiaque. La noradrénaline augmente la PAM par un effet vasoconstricteur avec une faible répercussion sur la fréquence cardiaque et moins d’augmentation du volume d’éjection systolique comparée à la dopamine. La noradrénaline est préférée à la dopamine qui entraîne plus de tachycardie et d’arythmies que la noradrénaline. [14] Ces éléments ont été rappelés par la conférence de consensus nationale. L’adrénaline n’est pas recommandée en première intention car elle accroît la demande en oxygène, aggrave l’hyperlactatémie et compromet le débit sanguin splanchnique. [6] Il est à noter que nous manquons aujourd’hui de résultats d’essais multicentriques randomisés pour recommander l’utilisation de telle ou telle stratégie d’utilisation des catécholamines pour diminuer la mortalité du sepsis sévère.

L’utilisation de la dobutamine est recommandée lorsque l’index cardiaque est inférieur à 2,5 l min–1 m–2 et/ou la SvcO2 < 70 % malgré un remplissage bien conduit (Fig. 1) (Tableau 2). En cas d’hypotension artérielle associée, un traitement vasoconstricteur sera instauré. [15] La dobutamine est la seule catécholamine à diminuer la pression artérielle pulmonaire d’occlusion.

Vasopressine

À un stade précoce du choc septique, les taux de vasopressine sont élevés mais au cours de la progression du choc, ils se normalisent et entraînent un état de déficience relative en vasopressine. L’utilisation de la vasopressine peut être considérée chez les patients présentant un choc septique réfractaire malgré un remplissage bien conduit et l’utilisation de hautes doses d’amines pressives. [16] Elle ne peut pas être recommandée à ce jour étant donné l’absence des résultats de l’étude randomisée VAST. La place de la vasopressine dans le traitement du choc septique reste donc à définir. À la différence de la dopamine et de la noradrénaline, la vasopressine possède un effet vasoconstricteur direct sur le muscle lisse vasculaire et est dénuée de tout effet inotrope et chronotrope. Dans toutes les études menées sur l’utilisation de cet agent au cours du sepsis, il a été montré une augmentation de la PAM et une discordance des résultats sur le débit cardiaque qui doit rendre prudente sa prescription en cas de dysfonction myocardique. [16] La vasopressine peut être à l’origine d’une vasoconstriction myocardique, cutanée ou mésentérique. Cet effet est plutôt associé aux doses élevées. Il est recommandé de ne pas dépasser une dose de 0,04 U min–1.

En raison de la non-disponibilité de la vasopressine en France au début de l’année 2005, la terlipressine (Glypressine®) peut être utilisée à la place de la vasopressine en injectant 1 mg en bolus intraveineux direct pour les sujets de 50 à 70 kg, 1,5 mg pour les sujets de 70 à 90 kg, et 2 mg pour les sujets de plus de 90 kg. A priori, la dose peut être répétée après 4 à 6 heures.

Cependant, la place de la vasopressine dans le traitement du choc septique reste à déterminer.

 


Partager cet article
Repost0
7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 11:20

 

 

 

Nouveaux traitements du sepsis sévère

 

 

 

TAYSIR-copie-1

 

 

 

B. Vallet, E. Wiel, G. Lebuffe

La mortalité du sepsis sévère (défini comme une dysfonction ou hypoperfusion d’organe induite par une infection) et du choc septique (hypotension artérielle réfractaire au remplissage, associée à une dysfonction ou hypoperfusion d’organe) en réanimation reste élevée (de l’ordre de 45 %), alors qu’une augmentation de leur incidence (par augmentation du dépistage) est attendue dans les 25 prochaines années. Une baisse significative de mortalité a cependant pu être enregistrée récemment au cours de plusieurs essais thérapeutiques isolés basés sur un monitorage tourné vers la prise en charge globale de l’oxygénation tissulaire ou utilisant de nouvelles voies thérapeutiques. Elles concernent principalement :l’utilisation des corticoïdes à doses modérées ; la modulation de l’activation de la coagulation par la protéine C activée ; la mise en place systématique de référentiels de soins en réanimation. Comme pour l’infarctus du myocarde, la combinaison de ces nouvelles mesures thérapeutiques doit se faire dans un contexte global d’optimisation précoce et rapide (de 6 à 24 heures). Ce nouveau schéma de prise en charge devrait garantir à l’avenir une baisse importante de la mortalité et de la morbidité du sepsis (réduction attendue de 25 % au cours des 5 à 10 prochaines années).

Mots clés : Sepsis ; Oxygénation tissulaire ; Protéine C activée ; Corticoïdes ; Référentiels

 

Introduction

Une étude récente laisse penser à une augmentation de l’incidence du sepsis sévère dans les 25 prochaines années, notamment par amélioration du dépistage.[1]

 Le « sepsis sévère » (ou sepsis grave) est défini commeune dysfonction ouhypoperfusion d’un organe induite par une infection ; le « choc septique » est défini par une hypotension artérielle, réfractaire au remplissage, associée à une dysfonction ou hypoperfusion d’organes (Tableau 1). [2]

Tableau 1.

Définitions du sepsis, du sepsis sévère et du choc septique.

Sepsis : infection avec inflammation systémique, c’est-à-dire deux critères parmi les suivants :

• température 38,3 °C ou 35,5 °C

• tachycardie 90 b min–1

• tachypnée 20 c min–1 ou PaCO2 32 mmHg ou VM

• leucocytes 12 000mm–3 ou 4 000mm–3

Sepsis sévère : sepsis avec dysfonction d’organe, c’est-à-dire un critère parmi les suivants :

• troubles de conscience

• oligurie < 30 ml h–1

• PaO2/FiO2 250 mmHg

• lactate 2,0 mmol l–1

Choc septique : sepsis sévère avec pression artérielle systolique < 90 mmHg (ou diminuée de 40 mmHg), ne répondant pas à un remplissage « suffisant »

PaCO2 : pression partielle en gaz carbonique ; FiO2 : concentration de l’oxygène dans l’air inspiré ; PaO2 : pression partielle en oxygène.

La mortalité du choc septique est supérieure à celle du sepsis sévère : l’hypotension artérielle réfractaire apparaît comme un événement cardinal dans l’aggravation du tableau clinique. Le cadre nosologique global retenu aujourd’hui est néanmoins celui de « sepsis sévère » pour l’ensemble des dysfonctions d’organes, qu’elles soient cardiocirculatoire, responsable de l’hypotension, respiratoire, rénale, hématologique, neurologique, ou hépatique.

Au début du XXIe siècle, la mortalité du sepsis sévère reste élevée dans la plupart des réanimations [1-3], en particulier françaises [3], de l’ordre de 40 %. Très récemment, une baisse de cette mortalité a cependant pu être enregistrée au décours de la mise en place d’essais thérapeutiques isolés comportantune approche innovante de la prise en charge thérapeutique. [4, 5] L’administration précoce de traitements appropriés à la physiopathologie du sepsis sévère dans les premières heures (des 6 aux 24 premières heures) semble un élémentclé du pronostic. Le concept global de protection de la perfusion et de l’oxygénation des organes est accepté comme capital. [4] Ce contexte d’urgence et de protection de la viabilité tissulaire rappelle clairement celui de l’infarctus du myocarde ou de l’accident vasculaire cérébral. De même, le souhait de cumuler et de coordonner les différentes nouvelles approches thérapeutiques dans un même effort de protection rappelle la mise en route des recommandations pour la prise en charge de l’infarctus du myocarde à la fin des années 1960.

Un groupe international d’experts de onze sociétés savantes médicales a ainsi colligé, sur la base des publications obtenues à partir d’études de haute qualité scientifique, des recommandations ayant pour but d’aider les praticiens à améliorer les chances de survie de leurs patients atteints de sepsis sévère ou de choc septique. Ces recommandations s’intègrent dans un projet international intitulé Surviving Sepsis Campaign (SSC), sous l’égide de l’European Society of Intensive Care Medicine (ESICM), la Society of Critical Care Medicine (SCCM) et l’International Sepsis Forum (ISF). [6] Ces recommandations reprennent les innovations thérapeutiques suivantes :

• un monitorage tourné vers la prise en charge globale de l’oxygénation tissulaire ;

• la modulation de l’activation de la coagulation par la protéine C activée recombinée humaine (rhAPC ou drotrécogine alpha ou Xigris®) ;

• l’utilisation des corticoïdes à doses modérées ;

• la mise en place systématique de référentiels de soins en réanimation. La combinaison de ces nouvelles thérapeutiques, groupées en mesures essentielles ou « sepsis bundles » (Tableau 2), doit se faire dans un contexte global d’optimisation précoce et rapide (de 6 à 24 heures), appelé par les auteurs anglo-saxons « Early Goal-Directed Therapy » (EGDT) [4].

Tableau 2.

« Sepsis bundles » ou mesures thérapeutiques essentielles à prendre au cours du sepsis sévère.

Objectifs pour les 6 premières heures

• Mesurer le lactate sérique

• Prélever des hémocultures avant l’administration des antibiotiques

• Prescrire dans les 3 heures une antibiothérapie probabiliste à large spectre

• En cas d’hypotension (PAS < 90 mmHg ou PAM < 65 mmHg) ou de lactate

> 4 mmol l–1, débuter une expansion volémique avec 20-40 ml de cristalloïde (ou l’équivalent de colloïde) par kg de poids corporel estimé

• Utiliser des vasoconstricteurs pour traiter l’hypotension pendant et après l’expansion volémique initiale

• En cas de choc septique, ou de lactate > 4 mmol l–1, mesurer la PVC et la SvcO2 ou la SvO2

• En cas de choc septique ou de lactate > 4 mmol l–1, maintenir la PVC entre 8 et 12 mmHg

• Envisager un traitement inotrope positif (et/ou une transfusion par concentrés globulaires si l’hématocrite est 30 %) si la SvcO2 est < 70%, ou la SvO2 < 65%, et la PVC 8 mmHg

Objectifs pour les 24 premières heures

Maintenir la glycémie < 8,3 mmol l–1 ou < 1,50 g l–1 

 Prescription de Xigris® en fonction des recommandations du service

Administrer de faibles doses de corticoïdes en cas de choc septique nécessitant l’utilisation de vasopresseurs pendant plus de 6 heures

Utiliser une stratégie de ventilation protectrice, avec une pression de plateau  30 cmH2O chez les patients ventilés mécaniquement

PAS : pression artérielle systolique ; PAM : pression artérielle moyenne ; PVC : pression veineuse centrale ; SvcO2 : saturation en oxygène de l’hémoglobine du sang veineux en veine cave supérieure ; SvO2 : saturation en oxygène de l’hémoglobine du sang veineux mêlé

 

 

 


Partager cet article
Repost0
7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 10:16

 

 

 

Principes du traitement de la méningoencéphalites de l’adulte

 

 

t assistance com

 

TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE [24, 31, 52, 66]

Ce traitement est primordial, surtout s’il s’agit d’une ME sévère, en sachant que l’évolution peut être spectaculairement favorable, même en cas de coma profond initial. S’il existe des troubles de la conscience, le patient doit être hospitalisé en unité de soins intensifs ou en réanimation. L’intubation orotrachéale pour ventilation mécanique doit être précoce afin de prévenir les inhalations.

L’hyperthermie doit être contrôlée. Les mesures de lutte contre l’oedème cérébral sont systématiques : position demi-assise, tête droite, normocapnie en cas de ventilation mécanique.

La natrémie doit être maintenue autour de 140 mmol/L.

Pour contrôler un oedème cérébral menaçant, on utilise le mannitol à 20 % pendant les 48 premières heures. Le traitement curatif de l’état de mal convulsif repose sur les benzodiazépines intraveineuses, en association avec le phénobarbital intraveineux, et si nécessaire sur le pentothal chez un patient ventilé.

Dans certains cas, notamment au cours de l’encéphalite herpétique où les crises convulsives peuvent être atypiques, un traitement anticonvulsivant préventif par voie orale se discute.Le traitement symptomatique est adapté aux défaillances associées (par exemple, remplissage adéquat lors d’une dengue).En cas d’hydrocéphalie menaçante, notamment au cours des tuberculoses neuroméningées, la dérivation ventriculaire externe est un geste urgent qui permet parfois une amélioration spectaculaire.

Il peut être nécessaire secondairement de poser une dérivation ventriculaire interne définitive.

À distance du traitement initial, les séquelles psychiques et/ou motrices peuvent être lourdes. Aussi faut-il assurer à ce stade la rééducation, au mieux en centre spécialisé : kinésithérapie motrice, rééducation temporospatiale et du langage, ergothérapie.

TRAITEMENT ÉTIOLOGIQUE [6, 24, 30, 31, 52, 66]

Les principaux d’entre eux sont détaillés dans le tableau VII.

Concernant la posologie de l’aciclovir intraveineux lors de la MEH, il n’existe pas actuellement d’argument formel pour augmenter sa posologie à 45 mg/kg/j, et ce d’autant plus que des effets secondaires peuvent survenir en cas de surdosage (toxicité neurologique et rénale). La durée du traitement est classiquement de 10 jours [67]. Néanmoins, de nombreux experts recommandent une durée de 14 à 21 jours [51], en raison de quelques cas de rechute [49] et pour tenter d’améliorer un pronostic qui reste préoccupant [43]. La sensibilité virale à l’aciclovir est évaluée par la mesure de la dose efficace pour neutraliser 50 % d’une population virale (ED 50) : 0,04 μg/mL pour HSV1, 0,10 μg/mL pour HSV2 et 0,50 μg/mL pour VZV. Chez le sujet immunocompétent atteint de MEH, il n’a pas été décrit de virus HSV résistant à l’aciclovir, alors qu’il en a été rapporté chez l’immunodéprimé au cours des atteintes cutanées chroniques. Dans tous les cas, ces virus étaient sensibles au foscarnet.

Enfin, on ne dispose pas de données cliniques sur l’intérêt des associations d’antiviraux au cours de la MEH.

CORTICOTHÉRAPIE

Au cours des tuberculoses neuroméningées, les données de la littérature ne permettent pas d’affirmer le bénéfice d’une corticothérapie, mais suggèrent que celle-ci puisse être bénéfique, notamment au cours des formes les plus graves [13, 48].

Le schéma thérapeutique le plus fréquent repose sur la prednisone à 1 mg/kg/j pendant 2 à 4 semaines suivies d’une diminution très progressive sur 4 à 6 semaines. Enfin, lors des leucoencéphalites postinfectieuses graves, la corticothérapie à fortes doses (méthylprednisolone de 500 à 1 000 mg/j sur une durée de 5 à 15 jours) est souvent essayée. Si les succès d’un tel traitement sont en règle relatés dans des cas cliniques, la rareté et la gravité de ces atteintes ne permettent pas la réalisation d’études contrôlées [31].

Tableau VII. – Traitements spécifiques.

Indications

Causes

Traitements

Commentaires

ME sans signe d’orientation

(traitement empirique)

HSV Listeria

Méningite décapitée

Amoxicilline IV : 150 à 200 mg/kg + gentamicine IV :

3 mg/kg ± aciclovir IV

Le traitement antituberculeux n’est prescrit d’emblée qu’en

cas de forte présomption. Une méningite purulente décapitée

est évoquée selon le contexte et si le LCR est à

prédominance de polynucléaires

ME virales

HSV

 

 

 

VZH

 

 

 

 

CMV

 

 

 

 

VIH (primo-infection)

Arenavirus (sauf CML)

Aciclovir IV : 30 mg/kg/j en 3 injections pendant 10 à

21 jours

 

Aciclovir IV : 500 mg/m2 ´ 3/j pendant 7 à 10 jours

(ganciclovir et foscarnet utilisables selon circonstances)

Ganciclovir IV : 5 mg/kg ´ 2/j pendant 21 j ou foscarnet

IV : 90 mg/kg ´ 2/j pendant 21 jours

Trithérapie antirétrovirale

Ribavirine IV : 2 g en dose de charge, puis 1 g ´ 4/j pendant

4 jours, puis 0,5 g ´ 3/j pendant 6 jours

Efficacité démontrée, durée discutée

Efficacité démontrée mais nombre limité de cas

Efficacité démontrée chez l’immunodéprimé

Indication indiscutable si la primo-infection est compliquée

d’une ME

Efficacité démontrée pour la fièvre de Lassa, possible pour

les autres

ME bactériennes

Listeria

 

 

 

 

 

 Tuberculose

 

Mycoplasma pneumoniae

 

 

Lyme

 Rickettsioses

 

Neurosyphilis

 Leptospirose

 Brucellose

Amoxicilline IV : 150 à 200 mg/kg pendant 21 jours

+ gentamicine IV : 3 mg/kg pendant 5 à 7 jours

Quadrithérapie antituberculeuse

Doxycycline : 100 mg ´ 2/j

Amoxicilline IV : 6 à 8 g/j pendant 21 j ou ceftriaxone IV :

2-4 g/j pendant 21 j

Ofloxacine : 400 mg/j pendant 7 jours

Pénicilline G IV : 18 MU/j pendant 10 à 14 jours

Pénicilline G IV : 6 MU/j pendant 5 jours

Rifampicine 15 mg/kg/j po + doxycycline 100 mg ´ 2/j po

pendant 6 à 8 semaines

Si allergie aux b-lactamines, utiliser cotrimoxazole :

6 à 8 amp IV/j

Résistance naturelle aux céphalosporines

Début IV si forme grave. Durée : 12 mois

Corticothérapie

Efficacité du traitement non démontrée

Durée (incertaine) : 3 à 4 semaines

La durée de traitement peut être parfois prolongée

Efficacité démontrée

Doxycycline : 100 mg ´ 2/j pendant 7 j (alternative)

Efficacité démontrée

Efficacité non démontrée

Efficacité démontrée. Alternatives possibles : doxycycline +

aminoside, quinolone + rifampicine

 

Conclusion

La prise en charge d’une ME aiguë est un véritable défi compte tenu de la multiplicité des causes et de la fréquence des formes atypiques.

L’analyse du LCR, notamment par PCR, reste l’étape principale du diagnostic, complétée par l’imagerie cérébrale, moins spécifique mais de plus en plus performante. En France, la plus fréquente des ME de l’adulte reste l’encéphalite herpétique, dont le pronostic est conditionné par la précocité du traitement. C’est pourquoi ce diagnostic doit être évoqué au moindre doute et conduire à une PL, afin de débuter si nécessaire le traitement par aciclovir sans retard.

Points essentiels

· Les causes des encéphalites et desMEsont nombreuses.

· Au stade purement clinique, les diagnostics différentiels sont nombreux.

· L’épidémiologie des ME diffère selon la provenance géographique des patients.

· Il est rare que le diagnostic étiologique soit évident dès l’admission.

· L’analyse du LCR est la pierre angulaire du diagnostic et l’imagerie cérébrale est systématique.

· Devant une ME à liquide clair, l’herpès, la listériose et la tuberculose sont systématiquement évoqués.

· Néanmoins, près de la moitié des ME supposées virales restent sans cause identifiée.

· En France, l’encéphalite herpétique est la première cause de ME de cause identifiée.

· La mortalité et les séquelles après MEH imposent un traitement précoce par aciclovir.

· La recherche des causes rares deMEdoit être menée au cas par cas.

 

Références

[1] Archer BD. Computed tomography before lumbar puncture in acute meningitis: a review of the risks and benefits. CMAJ 1993 ; 148 : 961-965

[2] Aurelius E,JohanssonB,SkoldenbergB, Staland A, Forsgren M. Rapid diagnosis of herpes simplex encephalitis by nested polymerase chain reaction assay of cerebrospinal fluid. Lancet 1991 ; 337 : 189-192

[3] Belay ED. Transmissible spongiform encephalopathies in humans. Annu Rev Microbiol 1999 ; 53 : 283-314

[4] Berenguer J, Moreno S, Laguna F, Vicente T, Adrados M, Ortega A et al. Tuberculous meningitis in patients infected with the human immunodeficiency virus. N Engl J Med 1992 ; 326 : 668-67

[5] Bruneel F, Bédos JP. Encéphalite herpétique. Diagnostic, traitement. Rev Prat 1997 ; 47 : 1137-1143

[6] Bruneel F,WolffM.Méningitesaiguës. EncyclMédChir (Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris), Neurologie, 17-160-C-10, 2000 : 1-12

[7] CantonP,MayT,HoenB. Listérioseshumaines: problèmes 

 diagnostiques cliniquesenneurologie etdansles infections en général. Méd Mal Infect 1995 ; 25 (n°spécial) : 244-250

[8] Cassady KA, Whitley RJ. Pathogenesis and pathophysiology of viral infections of the central nervous system. In : Scheld WM, Whitley RJ, Durack DT eds. Infections of the central nervous system. New York : Raven Press, 1997 : 7-22

[9] Cinque P, Cleator GM, Weber T, Monteyne P, Sindic CJ, VanLoon AM. The role of laboratory investigation in the diagnosis and management of patients with suspected herpes simplex encephalitis: a consensus report. The EU Concerted Action on Virus Meningitis and Encephalitis. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1996 ; 61 : 339-345

[10] Clyde WA. Mycoplasma diseases. In : Scheld WM, Whitley RJ, DurackDTeds. Infections of the central nervous system. New York : Raven Press, 1997 : 603-612

[11] Collinge J. Variant Creutzfeldt-Jakob’s disease. Lancet 1999 ; 354 : 317-323

[12] ConnellyKP,DewittLD.Neurologiccomplications of infectious mononucleosis. Pediatr Neurol 1994 ; 10 : 181-184

[13] Coyle PK. Glucocorticoids in central nervous system bacterial infection. Arch Neurol 1999 ; 56 : 796-801

[14] Davis JM, Davis KR, KleinmanGM,Kirchner HS, Taveras JM. Computed tomography of herpes simplex encephalitis,

 with clinicopathological correlation. Radiology1978;129: 409-417

[15] DeBenoist AC, Laurent E, Goulet V. Infections invasives à Haemophilus influenzae, Listeria monocytogenes, méningocoque, pneumocoque, streptocoques groupe A et groupe B en France en1997 : évolution1991-1997. Bull Epidémiol Hebd 15 : 1999 ; 57-59

[16] Dumpis U, Crook D, Oksi J. Tick-borne encephalitis. Clin Infect Dis 1999 ; 28 : 882-890

[17] Dutt MK, Johnston ID. Computed tomography and EEG in herpes simplex encephalitis. Their value in diagnosis and prognosis. Arch Neurol 1982 ; 39 : 99-102

[18] Echevarria JM, Casas I, Martinez-Martin P. Infections of the nervous system caused by varicella-zoster virus: a review. Intervirology 1997 ; 40 : 72-80

[19] Elmore JG, Horwitz RI, Quagliarello VJ. Acute meningitis with a negative Gram’s stain: clinical and management outcomes in 171 episodes. Am J Med 1996 ; 100 : 78-84

[20] Estanislao LB, Pachner AR. Spirochetal infection of the nervous system. Neurol Clin 1999, 17 : 783-790

[21] Farr RW. Leptospirosis. Clin Infect Dis 1995 ; 21 : 1-6

[22] Gaillard JL, Gholizadeh Y, Pron B. Nouvelles approches diagnostiques dans la listériose humaine. Méd Mal Infect 1995 ; 25 (n°spécial) : 251-256

[23] Githeko AK, Lindsay SW, Confalonieri UE, Patz JA. Climate change and vector-borne diseases: a regional analysis. Bull WHO 2000 ; 78 : 1136-1147

[24] Griffin DE. Encephalitis, myelitis and neuritis. In : Mandell GL, Bennett JE, Dolin R eds. Principles and practice of infectious diseases. New York : Churchill Livingstone, 1995 : 874-881

[25] Guglielminotti J, Lellouche N, Maury E, Alzieu M, Guidet B, Offenstadt G. Severe meningoencephalitis: an unusual manifestation of Chlamydia pneumoniae infection. Clin Infect Dis 2000 ; 30 : 209-210

[26] Halperin JJ. Neuroborreliosis. Am J Med 1995 ; 98 (suppl 4A) : 52S-56S

[27] Hénin D. Encéphalites virales : classification et principaux aspects neuropathologiques. In : Chedru F, De Broucker T, Wolff M éd. Les encéphalites : des virus aux prions. 2e journée annuelle du collège des neurologues des hôpitaux généraux d’Île de France (Paris1996). Paris, 1996 : 14-25

[28] Hosoglu S, Ayaz C, Geyik MF, Kokoglu OF, Ceviz A. Tuberculous meningitis in adults: an eleven- year review. Int J Tuberc Lung Dis 1998 ; 2 : 553-557

[29] Illis LS, Taylor FM. The electroencephalogram in herpessimplex encephalitis. Lancet 1972 ; 1 : 718-721

[30] Infections en neurologie.. Les guides de l’AP-HP. Du bon usage des antibiotiques. In : Paris : Doin 2001 : 28-35

[31] Johnson RT. Acute encephalitis. Clin Infect Dis 1996 ; 23 : 219-226

[32] Johnson RT. The pathogenesis of acute viral encephalitis and postinfectious encephalomyelitis. J Infect Dis 1987 ; 155 : 359-364

[33] Johnson RT, Griffin DE, Gendelman HE. Postinfectious encephalomyelitis. Semin Neurol 1985 ; 5 : 180-190

[34] KahnJO,WalkerBD.Acutehumanimmunodeficiencyvirus type 1 infection. N Engl J Med 1998 ; 339 : 33-39

[35] Karstaedt AS, Valtchanova S, Barriere R, Crewe-Brown HH. Tuberculous meningitis in South African urban adults. Q J Med 1998 ; 91 : 743-747

[36] Kaufman DM, Zimmerman RD, Leeds NE. Computed tomography in herpes simplex encephalitis. Neurology 1979 ; 29 : 1392-1396

[37] Kent SJ, Crowe SM, Yung A, Lucas CR, Mijch AM. Tuberculous meningitis: a 30-year review. Clin Infect Dis1993 ; 17 : 987-994

[38] Klapper PE, CleatorGM.Herpes simplex virus. Intervirology 1997 ; 40 : 62-71

[39] Kolski H, Ford-Jones EL, Richardson S, Petric M, Nelson S, Jamieson F et al. Etiology of acute childhood encephalitis at the hospital for sick children, Toronto,1994-1995. Clin Infect Dis 1998 ; 26 : 398-409

[40] Koskiniemi M. CNS manifestations associated with Mycoplasma pneumoniae infections: summary of cases at the university of Helsinki and review. Clin Infect Dis 1993 ; 17 (suppl 1) : 52S-57S

[41] Koskiniemi M, Vaheri A, Taskinen E. Cerebrospinal fluid alterations in herpes simplex virus encephalitis. Rev Infect Dis 1984 ; 6 : 608-618

[42] Lebon P, Ponsot G, Aicardi J, Goutieres F, Arthuis M. Early intrathecal synthesis of interferon in herpes simplex encephalitis. Biomedecine 1979 ; 31 : 267-271.

[43] McGrath N, Anderson NE, Croxson MC, Powell KF. Herpes simplex encephalitis treated with acyclovir: diagnosis and long-term outcome. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1997 ; 63 : 321-326

[44] Morawetz RB, Whitley RJ, Murphy DM. Experience with brain biopsy for suspected herpes encephalitis: a review of forty consecutive cases. Neurosurgery 1983 ; 12 : 654-657

[45] Mylonakis E, Hohmann EL, Calderwood SB. Central nervous system infection with Listeria monocytogenes. 33 years’experience at a general hospital and review of 776 episodes from the literature. Medicine 1998 ; 77 : 313-336

[46] Olson LC, Buescher EL, Artensein MS, Parkman PD. Herpes virus infection of thehumancentral nervous system.NEngl J Med 1967 ; 277 : 1271-1277

[47] Powell KF, Anderson NE, Frith RW, Croxson MC. Non invasive diagnosis of herpes simplex encephalitis. Lancet1990; 335 : 357-358

[48] Prasad K, Volmink J,MenonGR. Steroids for treating tuberculous meningitis (Cochrane review). Cochrane Database Syst Rev 2000 ; (3) : CD002244

[49] Preiser W, Weber B, Klos G, Fischer PA, Doerr HW. Unusual course of herpes simplex encephalitis after acyclovir therapy. Infection 1996 ; 24 : 384-389

[50] Raschilas F, Rozenberg F, Delatour F, DeBroucker T, Chaffaut C, Bertin I et al. Comment reconnaître une méningoencéphalite herpétique de l’adulte ? RevMédInterne2000; 21 (suppl 2) : 135S

[51] Raschilas F, Rozenberg F, Delatour F, DeBroucker T, Wolff M. L’encéphalite herpétique de l’adulte. Rev Neurol 2001

[52] Régnier B, Wolff M, Bédos JP, Gachot B. Prise en charge des infections aiguës du système nerveux central. In : Gajdos P, Loh L eds. Réanimation et neurologie. Paris : Arnette- Blackwell, 1995 : 211-269

[53] Rotbart HA. Enteroviral infections of the central nervous system. Clin Infect Dis 1995 ; 20 : 971-981

[54] Rousseau MC, Saron MF, Brouqui P, Bourgeade A. Lymphocytic choriomeningitis virus in southern France: four case reports and a review of the literature. Eur J Epidemiol 1997 ; 13 : 817-823

[55] Rozenberg F, Lebon P. Amplification and characterization of herpesvirus DNA in cerebrospinal fluid from patients with acute encephalitis. J Clin Microbiol 1991 ; 29 : 2412-2417

[56] Schroth G, Gawehn J, Thron A, Vallbracht A, Voigt K. Early diagnosis of herpes simplex encephalitisbyRMI. Neurology 1987 ; 37 : 179-183

[57] Schuchat A, Robinson K,WengerJD, Harrison LH, FarleyM, Reingold AL et al. Bacterial meningitis in the United States in1995. Active surveillance team.NEngl J Med 1997 ; 337 : 970-976

[58] Silpapojakul K, Ukkachoke C, Krisanapan S, Silpapojakul K. Rickettsial meningitis and encephalitis. Arch Intern Med 1991 ; 151 : 1753-1757

[59] Skoldenberg B. Herpes simplex encephalitis. Scand J Infect Dis 1996 ; 100 (suppl) : 8S-13S

[60] Thongcharoen P. Japanese encephalitis virus encephalitis: anoverview. Southeast Asian J TropMedPublic Health1989; 20 : 559-573

[61] Truffot-Pernot C, DeBenoist AC, Schwoebel V, Trystam D, Grosset J, Robert J et al. Surveillance active de la méningite tuberculeuse en France en1995. Bull Epidémiol Hebd 12 : 1998 ; 49-50

[62] Tsai TF, Popovici F, Cernescu C, Campbell GL, Nedelcu NI. West Nile encephalitis epidemic in southeastern Romania. Lancet 1998 ; 352 : 767-771

[63] Tunkel AR, Scheld WM. Acute bacterial meningitis. Lancet 1995 ; 346 : 1675-1680

[64] Verdon R, Chevret S, Laissy JP, Wolff M. Tuberculous meningitis in adults: review of 48 cases. Clin Infect Dis 1996 ; 22 : 982-988

[65] Whitley RJ. Viral encephalitis. N Engl J Med 1990 ; 323 : 242-250

[66] Whitley RJ. Viral encephalitis.CNSDrugs1994 ; 2 :355-366

[67] Whitley RJ, AlfordCA,HirschMS,SchooleyRT,LubyJP, Aoki FY et al. Vidarabine versus acyclovir therapy in herpes simplex encephalitis. N Engl J Med 1986 ; 314 : 144-149

[68] Whitley RJ, Cobbs CG, Alford CA, Soong SJ, Hirsch MS, Connor JD, et al. Diseases that mimic herpes simplex encephalitis.

Diagnostic, presentation, and outcome.

 NIADcollaborative antiviral study group.JAMA1989;262: 234-239

[69] Whitley RJ, Lakeman F. Herpes simplex virus infections of the central nervous system: therapeutic and diagnostic considerations. Clin Infect Dis 1995 ; 20 : 414-420

[70] Whitley RJ, Soong SJ, Dolin R, Galasso CJ, Ch’ien LT, Alford CA. Adenine arabinoside therapy of biopsy-proved herpes simplex encephalitis. N Engl J Med 1977 ; 297 : 289-294

[71] Whitley RJ, Soong SJ, Linneman C Jr, Liu C, Pazin G, Alford CA.Herpessimplex encephalitis. Clinical assessment.JAMA 1982 ; 247 : 317-320

[72] Yoshikawa T, Asano Y. Central nervous system complications in human herpes-6 infection. Brain Dev 2000 ; 22 : 307-314

[73] Young EJ. An overview of human brucellosis. Clin Infect Dis 1995 ; 21 : 283-290

[74] Zuger A, Lowy FD. Tuberculosis. In : Scheld WM, Whitley RJ, DurackDTeds. Infections of the central nervous system. New York : Raven Press, 1997 : 417-443


Partager cet article
Repost0